Les turbulences dans le monde médical se poursuivaient mardi avec le début d'un mouvement de grève des généralistes, le jour même où les urgentistes annonçaient la fin d'une "grève illimitée" entamée la veille et "un accord historique" avec le gouvernement.
"Nous avons décidé de lever le préavis de grève à partir d'aujourd'hui", a annoncé mardi matin lors d'une conférence de presse Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), à l'origine de l'appel à la grève.
Une décision consécutive à de nouvelles propositions que la ministre de la Santé Marisol Touraine a mises sur la table lundi. Selon les urgentistes, la ministre a fait droit à leur revendication de limiter à 48 heures (conformément au droit européen), au lieu de 60 actuellement, le temps de travail hebdomadaire et rémunérer en heures supplémentaires de la 39e heure à la 48e. La majoration des heures supplémentaires sera négociée, "dès le mois de janvier", selon l'Amuf.
"Même si on n'a pas tout obtenu, il nous semble que la reconnaissance du plancher de 39 heures et le déclenchement des heures supplémentaires à partir de ce plancher est un accord historique. Nous n'avons pas eu de progrès social depuis quatorze ans", a déclaré Patrick Pelloux.
Mais l'accord a rencontré une vive opposition de la Fédération hospitalière de France, dont le président, Frédéric Valletoux, a reproché au gouvernement d'avoir "lâché () des mesures catégorielles", dénonçant une facture de "90 millions d'euros à rapporter aux 400 millions d'euros de déficit de l'hôpital". Cela, a-t-il estimé, pour calmer le jeu, alors que "le paysage de la santé est sens dessus dessous".
De fait, si la grève des urgentistes, assignés en cas de besoin, n'a pas posé trop de problèmes, l'entrée en grève des médecins libéraux s'annonce comme une toute autre affaire. Déjà fortement sollicités pendant les fêtes, les services d'urgences risquent de l'être d'autant plus. Or les temps d'attente peuvent déjà y être longs : de "3h48 () en moyenne" dans les hôpitaux parisiens, a rappelé mardi sur France Inter le directeur général de l'AP-HP Martin Hisch.
Les généralistes sont appelés à fermer leur cabinet jusqu'au 31 décembre et à faire la grève des gardes par les syndicats MG France, la Fédération des médecins de France et le syndicat des médecins libéraux. La puissante confédération des syndicats médicaux français (CSMF, généralistes et spécialistes) appelle elle à démarrer le 24, jusqu'au 31, période où sont attendues des épidémies de grippe et de gastroentérite.
Dans le collimateur des médecins, certains points du projet de loi santé, comme la délégation de la vaccination aux pharmaciens, le pouvoir accru des agences régionales de santé ou la généralisation du tiers payant d'ici à 2017 (dispense d'avance de frais).
- Les généralistes pénalisés -
Les médecins craignent de crouler sous la paperasse administrative, ainsi que les retards de paiement que risquent d'entraîner selon eux le tiers payant pour tous. Sur ce point, la ministre exclut tout recul mais promet des "garanties" quant à sa mise en oeuvre et une reprise des discussions à la rentrée.
L'examen du projet de loi santé par le Parlement a étérepoussé à avril, pour permettre la réécriture de certains points du texte.
Mais "la loi santé n'est qu'un chapitre du mécontentement des généralistes", selon Claude Leicher, président de MG France, intransigeant sur la revalorisation de la consultation de base à 25 euros (contre 23 actuellement), l'une des principales revendications.
Selon lui, la mobilisation sera forte avec entre "80 et 100% de médecins en grève". "Toutes les revalorisations que nous avons obtenues, nous sommes allés les chercher dans la rue", rappelle Claude Leicher, qui reproche au gouvernement de "pénaliser" les généralistes du secteur 1, qui pratiquent les tarifs de la Sécurité sociale.
Selon un récent rapport de l'Inspection générale des finances, les généralistes gagnent 5.666 euros par mois en moyenne, contre 7.186 euros pour les spécialistes.
Commentant l'accord éventuel avec les urgentistes, M. Leicher a évoqué "la politique constante du ministère de la Santé depuis 30 ans, qui a toujours été de défendre l'hôpital".
Outre la CSMF, d'autres syndicats de spécialistes ont appelé à garder porte close pour la même période, dont les cardiologues, radiologues ou encore pédiatres.
Le ministère assure que les agences régionales de santé réquisitionneront les médecins en fonction des besoins.
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