La ministre de la Santé, Marisol Touraine, s'est réjouie un peu trop vite lundi d'une sortie de crise avec les urgentistes, "fâchant" les grévistes qui n'avaient pas encore décidé de lever leur grève, débutée le jour même en prélude à celle des médecins libéraux.
Mme Touraine s'est félicitée dans la matinée de "l'issue favorable" des négociations avec les praticiens, estimant que "la levée du préavis de grève des urgentistes (était) évidemment une excellente nouvelle" dans le contexte de la grève des médecins libéraux pour les fêtes de fin d'année.
"Je suis confiante", a-t-elle dit en fin d'après-midi, estimant que "les urgentistes devraient annoncer la levée de leur préavis de grève" dans la soirée.
"J'ai annoncé que j'étais prête à donner satisfaction sur le décompte horaire et j'ai envoyé une instruction aux directeurs d'hôpitaux pour que désormais ils s'organisent de manière à procéder au décompte horaire du temps de travail des urgentistes", a-t-elle déclaré, sans donner plus de détails.
Mais l'Association des médecins urgentistes de France, à l'origine de la mobilisation, a démenti toute levée du préavis, son président Patrick Pelloux précisant, après les premières déclarations de la ministre, que des décisions seraient prises dans la soirée.
Contacté par l'AFP, Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Amuf, s'est offusqué de "l'erreur" de la ministre : "On ne communique pas avant d'avoir transmis les documents aux organisations syndicales, c'est le b.a-ba de la négociation syndicale", a-t-il déploré.
"Elle nous a fâchés ! Vous imaginez le ministère des Transports qui annonce la fin de la grève des cheminots comme cela ? Vous imaginez la réaction ?", a-t-il poursuivi.
Les propositions de la ministre restent floues, même pour les syndicalistes, qui réclament, outre une limitation de leur temps de travail à 48 heures hebdomadaires, une rémunération des heures supplémentaires au-delà de la 39e heure.
- 'On est suspicieux' -
"On est fâché sur la forme, maintenant on va juger sur le fond", a déclaré M. Prudhomme, en référence au texte transmis par le gouvernement.
Selon lui, "la limite à 48h, c'est quand même le minimum. C'est la simple application d'une directive européenne, donc dans le texte c'est le seul point complètement affirmatif".
"Par contre sur le reste, on est suspicieux par rapport au renvoi à des commissions ultérieures d'un certain nombre de points qui nous paraissent importants", a-t-il ajouté.
"La question c'est de savoir si le verre est à moitié vide ou à moitié plein", a-t-il conclu, assurant qu'aucune annonce ne serait faite avant un point de presse de l'Amuf mardi matin.
A la fin de la journée, la mobilisation était contrastée selon les régions, sans perturbations signalées.
Avant le début de la grève, l'Amuf tablait sur un pourcentage de 80% de grévistes.
Selon ses représentants locaux, ce taux s'établissait entre 80 et 100% selon les services dans le Nord-Pas-de-Calais, sans pour autant déstabiliser les services. Car les grévistes, au travail, portent un brassard ou un badge.
D'autres établissements, qui ont déjà répondu aux revendications des grévistes à l'issue de mouvements locaux, ont fait l'objet d'une moindre mobilisation. Aux urgences de l?hôpital Lapeyronie de Montpellier, seules "4 ou 5 personnes se sont déclarées grévistes sur une quarantaine de médecins", selon le Dr Isabelle Giraud, médecin responsable de l?accueil des urgences et de l?unité d?hospitalisation de courte durée pour adulte. Le temps de travail pour les médecins urgentistes dans cet hôpital sera de 48 heures effectives au 1er janvier, selon elle.
Même constat aux Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, où l'Amuf comptait entre 20 et 40% de médecins grévistes dans les services d'urgence.
Des perturbations plus sévères pourraient survenir dès mardi avec la grève des médecins libéraux, qui fait craindre un afflux de patients à l'hôpital public.
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