La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a soumis lundi des propositions aux urgentistes sur leur temps de travail, propices, selon elle, à la levée de leur grève débutée le jour même, en prélude à une grève des médecins libéraux.
"Je viens de signer l'instruction concernant l'organisation de leur temps de travail qui va leur permettre de lever leur préavis", a affirmé la ministre à l'issue du conseil des ministres.
Se réjouissant de "l'issue favorable" des négociations avec les urgentistes, la ministre a estimé qu'elles permettraient "en tout cas au 1er semestre 2015 d'aboutir à un décompte horaire du travail des médecins" des urgences.
Contacté par l'AFP, le président de l'Amuf, Patrick Pelloux a jugé que les propositions de la ministre allaient "dans le bon sens", tout en démentant la levée du préavis.
A l'origine de la grève, l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) réclame, conformément à la législation européenne, la réduction de leur temps de travail à 48 heures hebdomadaires maximum, contre une soixantaine actuellement.
En outre, elle exige la rémunération des heures supplémentaires entre 39 et 48 heures.
Les représentants nationaux décideront lundi soir des suites à donner au mouvement qui pourraient n'être annoncées que mardi matin.
"Si cet accord reconnaît les 39h et le décompte des heures supplémentaires à partir des 39h, c'est un accord historique pour la profession", a-t-il déclaré sur BFM TV.
Le ministère s'est pour le moment refusé à donner plus de détails.
A la mi-journée, la mobilisation était contrastée selon les régions, sans perturbations signalées.
Avant le début de la grève, l'Amuf tablait sur un pourcentage de 80% de grévistes.
Selon ses représentants locaux, ce taux s'établissait entre 80 et 100% selon les services dans le Nord-Pas-de-Calais. Une mobilisation massive qui ne déstabilise par les services, car les grévistes, au travail, portent "un brassard ou un badge", selon le délégué régional de l'Amuf, le Dr Franck Legrand.
L'offre de soins restait également inchangée à Bordeaux, malgré 98% de grévistes, selon l'Amuf. "Ce qu'on veut, c'est surtout du temps pour pouvoir bien bosser, et puis du temps à passer avec nos familles", témoigne le Dr Guillaume Valdenaire, chef de service aux Urgences de Pellegrin. "On a envie de vieillir urgentistes, or on ne peut pas (). Moi j'ai 37 ans, et dans ces conditions-là, je ne me vois pas urgentistes à 60 ans, ni même à 55 d'ailleurs", poursuit-il.
A Clermont-Ferrand, seuls trois urgentistes sur 30 avaient décidé de faire grève, soit 10% des effectifs : "la grève se focalise sur la limitation du temps de travail alors que le principal problème des urgences au CHU de Clermont-Ferrand, comme dans d'autres CHU, est réellement la carence en lits d'hospitalisation", explique le chef du service des urgences de l'hôpital Gabriel Montpied.
Aux Hospices civils de Lyon (HCL), 32% du personnel médecin-urgentiste était gréviste, et aucun préavis de grève n'a été reçu par la direction du centre hospitalier de la région d'Annecy (CHRA).
Mais les perturbations pourraient survenir dès mardi avec la grève des médecins libéraux, qui fait craindre un afflux de patients à l'hôpital public.
Les généralistes sont appelés par leurs principaux syndicats à fermer leur cabinet et à faire la grève des gardes à partir de mardi. Le lendemain, les spécialistes doivent se joindre au mouvement et ce, jusqu'au 31.
Ils réclament une revalorisation de leur consultation (de 23 à 25 euros pour les généralistes), et s'opposent au projet de loi santé de Marisol Touraine, notamment à la généralisation d'ici à 2017 du tiers payant (dispense d'avances de frais).
Rebondissant sur la grogne du monde médical, qui n'a cessé de monter depuis la présentation du projet de loi santé en octobre, l'UMP a demandé lundi le retrait du texte, dont l'examen par le Parlement a été repoussé au printemps.
Inflexible sur la généralisation du tiers payant, malgré la promesse de "garanties" quant à sa mise en oeuvre, Marisol Touraine estime que "les Français soutiennent massivement" cette mesure.
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