Le Pakistan prévoit d'exécuter cinq cents condamnés à mort ces prochaines semaines, a annoncé lundi le ministère de l'Intérieur, quelques jours après le massacre par un commando taliban de 149 personnes, dont 133 écoliers, à Peshawar.
Au lendemain de cette attaque qui a choqué le pays, Islamabad avait annoncé la reprise des exécutions, suspendues depuis 2008 pour les civils condamnés par des tribunaux anti-terroristes.
Six ont déjà été exécutés depuis, avec l'apparente approbation d'une large partie de l'opinion publique et malgré les protestations de l'ONU et d'organisations de défense des droits de l'homme. Et les exécutions devraient se multiplier dans les prochaines semaines, a indiqué lundi le ministère de l?Intérieur.
"Le ministère a finalisé la liste des 500 condamnés qui ont épuisé tous les recours possibles. Leurs demandes de grâce ont été rejetées par le président et ils seront exécutés dans les prochaines semaines", ont indiqué à l'AFP plusieurs de ses responsables. Et le gouvernement a ordonné au procureur général d'accélérer les dossiers de peines capitales actuellement devant les tribunaux.
La justice a toutefois suspendu lundi, à la veille de leurs pendaisons, les exécutions de deux hommes condamnés en 2004 pour avoir tué un médecin à Karachi (sud). "Tous leurs appels n'étaient pas épuisés", a expliqué à l'AFP un des avocats de la défense, Abdul Razaq.
Près de 8.000 condamnés à mort croupissent aujourd'hui dans les prisons au Pakistan, géant de 200 millions d'habitants.
Les six condamnés pendus depuis vendredi avaient tous été jugés pour des attaques contre l'armée: cinq pour une tentative d'assassinat ratée contre en 2003 contre celui qui dirigeait alors le pays, le général Pervez Musharraf, et le dernier pour un assaut taliban contre le quartier général de l'armée en 2009.
Après l'annonce de la reprise des exécutions, les autorités ont placé le pays en alerte et déployé des forces de sécurité supplémentaires, notamment autour des aéroports et des prisons, plusieurs fois attaquées ces dernières années par les rebelles qui ont ainsi pu libérer des centaines de leurs frères d'armes.
- 'Mini 11 septembre' -
L'armée a dans le même temps intensifié ses opérations contre les rebelles talibans, en guerre contre un gouvernement qu'ils jugent à la solde de l'Occident et qui ont revendiqué l'attaque de Peshawar.
Le Pakistan a décrit cette attaque, le plus sanglant acte terroriste de son histoire qui en a pourtant connu des centaines depuis dix ans, comme un "mini 11 septembre", et promis d'intensifier comme jamais son combat contre les groupes armés rebelles islamistes sur son sol.
L'ONU et plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme comme Human Rights Watch (HRW) ont appelé en vain Islamabad à ne pas reprendre les exécutions de peine capitale, qu'elles estiment inefficaces dans la prévention du terrorisme.
Samedi, au lendemain des deux premières exécutions, HRW a dénoncé "une lâche réaction politicienne aux assassinats de Peshawar", et demandé la reprise du moratoire.
Outre le fait que le Pakistan répond au bain de sang de Peshawar par un autre bain de sang, les critiques de la fin du moratoire soulignent qu'une partie des détenus que le pays prévoit d'exécuter ont été condamnés pour des crimes ordinaires, et non pour des actes terroristes, cibles théoriques de cette mesure.
Le moratoire n'a pas empêché la justice de continuer à prononcer des peines capitales ces dernières années, en particulier dans les tribunaux antiterroristes, plus rapides et donc de plus en plus utilisés avec le temps pour juger des crimes ordinaires.
Avant les exécutions de vendredi seul un condamné à mort avait été exécuté dans le pays depuis 2008, un soldat condamné en cour martiale et pendu en novembre 2012.
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