Le petit Jésus aura sa place dans les jardins de l'Hôtel de ville de Melun: à trois jours de Noël, la justice a autorisé lundi la mairie à conserver sa crèche de la Nativité, qu'une association souhaitait voir démonter au nom de la laïcité.
Le tribunal administratif de Melun, saisi par la Fédération des libres penseurs de Seine-et-Marne, a estimé que la crèche, installée à l'extérieur de la mairie, pouvait rester en place, à l'inverse de ce qui a été décidé début décembre dans une affaire proche en Vendée.
Chose rare: il est allé à l'encontre des conclusions du rapporteur public qui s'était prononcé vendredi en faveur du retrait de la crèche, estimant que cette installation était un emblème religieux et ne relevait pas d'une simple tradition.
"Nous sommes évidemment très satisfaits, mais il n'est pas question du faire du triomphalisme", a réagi auprès de l'AFP le maire UMP de la ville, Gérard Millet. "Cette crèche, on ne l'a pas faite par provocation. C'est un élément culturel, qui a toute sa place dans les décorations de Noël", a assuré l'élu.
"Déçu" par le rejet de sa demande, le secrétaire de la Fédération départementale des libres penseurs Gérard Docquin a qualifié de "surprenante" la décision du tribunal, dont les motivations n'ont pas encore été communiquées. "C'est dommage pour la République et dommage pour la laïcité", a-t-il estimé.
L'association avait déposé un recours en justice fin 2012 "pour excès de pouvoir", faute d'avoir obtenu une réponse à ses lettres adressées au maire lui demandant de ne pas installer de crèche.
- Laïcité stricte ou souple -
La requête, examinée après deux ans de procédure, avait obtenu vendredi le soutien du rapporteur public, qui avait recommandé "l'annulation de la décision de rejet du maire de Melun", soit le retrait de la crèche, au nom de la loi de 1905 consacrant la séparation des Eglises et de l'Etat.
"Il s'agit bien, à notre sens, d'un emblème religieux, où la symbolique est affirmée, de plus, par le bâton porté par l'un des rois mages en forme de crosse, attribut des évêques dans la religion catholique", avait fait valoir le magistrat.
Plusieurs affaires ont relancé ces derniers jours le débat sur les crèches, objets de discorde entre partisans d'une "laïcité stricte" et tenants d'une "laïcité souple" prenant en compte la dimension culturelle de certaines pratiques religieuses.
Le 2 décembre, le tribunal administratif de Nantes avait pris une décision contraire à celle de Melun, en demandant au conseil général de la Vendée, terre de tradition catholique, de démonter sa crèche installée dans le hall de ses locaux. Le conseil général a fait appel.
Saisi vendredi d'une demande similaire, mais dans le cadre d'une procédure d'urgence, le tribunal administratif de Montpellier a pour sa part rejeté la demande d'enlèvement de la crèche de la mairie de Béziers, ville de l'élu Robert Ménard, proche du Front national, en attendant un jugement sur le fond.
"Visiblement, tout le monde n'est pas d'accord sur la question des crèches", reconnaît Gérard Docquin, pour qui la décision de Melun "va compliquer la jurisprudence". "D'autres affaires vont être nécessaires pour que le débat soit tranché", estime le responsable associatif.
Selon un sondage Ifop du 13 décembre, 71% des Français sont "plutôt favorables" à la présence de crèches de Noël dans les administrations et bâtiments publics, "car cela constitue plus un élément de tradition culturelle qu'un symbole chrétien". A l'inverse, 18% des sondés y sont "plutôt opposés car il s'agit d?un symbole religieux incompatible avec les principes de neutralité et de laïcité du service public".
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