Le gouvernement basque a tenté dimanche de prendre directement la main sur la question de l'ETA, bloquée depuis que l'organisation séparatiste a renoncé à la violence il y a trois ans, en lui proposant un plan en cinq étapes, sans attendre l'aval de Madrid.
"Le gouvernement basque considère que l'heure est arrivée de mettre sur la table une proposition claire, dans un contexte de blocage si sensible pour la société et la politique basque", dit-il dans un communiqué diffusé dimanche soir.
Le texte de deux pages, précis et argumenté, a été diffusé quelques heures à peine après l'annonce, par la Commission internationale de vérification (CIV, non reconnue par le gouvernement central) de contacts avec l'ETA selon laquelle "le processus de mise sous scellés et de mise hors service de ses armes, ses munitions et ses explosifs se poursuit".
L'organisation séparatiste basque, qui a renoncé à la lutte armée le 20 octobre 2011, "a réitéré son engagement rendu public le 1er mars 2014", en faveur d'un désarmement, ajoute ce groupe d'experts en résolution des conflits, comprenant notamment un ancien ministre africain spécialiste du renseignement, Ronnie Kasrils.
En février, lors d'une visite au Pays basque espagnol, la Commission avait annoncé aux médias avoir pu constater que l'ETA avait mis hors service une certaine quantité d'armes, de munitions et d'explosifs, un geste symbolique ayant pour but de favoriser l'ouverture de négociations avec Madrid.
L'ETA, dont les attentats ont tué 829 personnes depuis 1959, souhaite une négociation aboutissant à son désarmement et surtout des solutions pour ses membres purgeant des peines de prison, en particulier pour qu'ils puissent être rapprochés de leurs familles.
Le collectif de prisonniers basques, incarcérés principalement pour leurs actions en lien avec l'ETA, rassemblait en octobre 469 détenus, dont 97 en France, selon Etxerat, l'association qui les représente.
Cherchant encore une ouverture, l'ETA s'est engagée le 20 juillet à démanteler ses "structures logistiques et opérationnelles".
Mais Madrid refuse tout dialogue, comme Paris, exigeant sa dissolution pure et simple, ce que l'organisation refuse tant qu'une solution acceptable ne sera pas trouvée pour les détenus, principale pierre d'achoppement d'une normalisation.
- cinq étapes -
Le gouvernement basque croit qu'un véritable processus de paix est nécessaire.
"La mise sous scellé d'armes sans vérification et sans calendrier ne sert à rien", a expliqué dimanche le gouvernement basque, dirigé par PNV (nationaliste et conservateur). "Il est temps d'appeler directement l'ETA à un processus rapide, viable et effectif de désarmement en faisant une proposition concrète", déclare-t-il.
Le gouvernement basque a également demandé sans succès au gouvernement conservateur de Mariano Rajoy de s'impliquer et a déjà proposé par le passé de régler localement la question du désarmement.
Dans ce but il offre dimanche la création d'un comité, adoubé par le Parlement basque, auquel l'ETA transmettrait les coordonnées de ses arsenaux.
Le gouvernement dirigé par Iñigo Urkullu déclare s'adresser directement à l'ETA en considérant que c'est "la volonté majoritaire de la société basque". Et enjoint l'organisation d'accepter ce plan même s'il n'a rien à proposer en échange, n'ayant pas la main sur la politique pénitentiaire.
Son plan en cinq étapes implique l'acceptation par l'ETA de la création d'un comité. L'organisation séparatiste devrait ensuite regrouper ses armes et explosifs dans des sites de stockage qui pourraient être localisés et seraient sûrs pour la population.
Parallèlement, le comité serait créé avec le soutient du Parlement basque; puis l'ETA remettrait les coordonnées des sites à un membre du comité représentant la société basque et enfin celui-ci les transmettrait au gouvernement basque.
Dans son texte, le gouvernement basque considère que l'absence de désarmement empêche de "tourner la page" et ancre la société basque "dans le passé en rappelant la menace de la violence", empêchant aussi un dialogue entre les partis et bloquant la normalisation politique de la gauche abertzale (nationaliste), composée en partie des héritiers de la branche politique de l'ETA
Il accuse Madrid d'être en partie responsable de cette paralysie, tout en soulignant que "d'un point de vue tactique l'ETA a aussi intérêt à repousser la décision" de désarmement.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.