Fortes d'une union scellée il y a vingt ans, la ville de Bilbao et la Fondation Guggenheim de New York ont renouvelé en décembre l'alliance qui a impulsé la renaissance de cette cité industrielle du nord de l'Espagne.
Mark Rothko, Gerhard Richter, Louise Bourgeois: les oeuvres des plus grands artistes contemporains de la collection permanente y côtoient celles d'Andy Warhol ou Robert Motherwell, cédées par New York pour des expositions temporaires.
Un mariage heureux: la Fondation Solomon R. Guggenheim et le Musée Guggenheim de Bilbao soutenu par les institutions publiques locales ont décidé de rester liés pour au moins vingt ans encore, après un premier contrat de dix ans.
Leur accord renforce le réseau international de la fondation, comptant déjà un autre musée à Venise et qui en ouvrira bientôt un à Abou Dhabi.
Une stratégie de marque suivie par d'autres grands musées comme le Centre Pompidou, bientôt à Malaga, le Louvre, qui s'installera aussi aux Émirats Arabes Unis, où l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, bientôt à Barcelone.
"Répondant aux demandes de la mondialisation, cette stratégie fut très novatrice à son époque mais elle est désormais adaptée jusqu'à d'autres domaines, comme les festivals de musique", explique Lluis Bonet, directeur du programme de management culturel de l'Université de Barcelone.
- 'Un véritable miracle' -
Longtemps grises et polluées par de nombreuses usines désaffectées, les rives du Nervion, au coeur de Bilbao, offrent aujourd'hui un visage lumineux où cohabitent immeubles modernes, espaces verts et pistes cyclables, couronnés par la silhouette spectaculaire du musée construit par l'architecte américain Frank Gehry.
Avec sa structure en titane aux lignes organiques, dont la surface argentée et irrisée rappelle les écailles d'un poisson, le musée inauguré en 1997, est rapidement devenu emblématique de l'architecture internationale de la fin du vingtième siècle.
Il a depuis reçu près de 17 millions de visiteurs alors que Bilbao, longtemps à l'écart des circuits touristiques et artistiques internationaux, a vu ses réservations d'hôtels doubler, attirant notamment de nombreux étrangers.
En entraînant la création de 5.000 postes de travail directs et indirects, le Guggenheim s'est avant tout converti en un important moteur économique ayant déjà apporté 3,483 milliards d'euros à la région et relancé l'économie d'une ville dont on ne parlait pas jusque-là à l'étranger, sauf lorsqu'elle était frappée par des attentats de l'organisation séparatiste basque ETA.
"C'est un véritable miracle que le Guggenheim se soit installé à Bilbao. Ici, c'était une décharge de ferraille", confie son maire, Ibon Areso.
A l'époque des premières négociations entamées avec la fondation new-yorkaise, en 1991, la municipalité était plombée par le déclin de ses activités traditionnelles - industrie lourde, chantiers navals.
"La situation sociale était très mauvaise: chômage élevé, usines fermées, beaucoup de drogue dans une ville qui n'avait pas nettoyé ses façades depuis de nombreuses années", rappelle Iñaki Esteban, journaliste et auteur du livre "L'Effet Guggenheim" ("El efecto Guggenheim").
C'est alors que les autorités locales ont décidé de transformer Bilbao en une ville à l'économie plus diversifiée.
Si elle a d'abord été très critiquée par des habitants qui "ne voyaient pas, selon Iñaki Esteban, comment un musée pouvait servir de moteur économique", la construction du Guggenheim, avec une facture de 133 millions d'euros, s'est finalement érigée en emblème de cette rénovation.
- Un changement plus profond -
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