Un étudiant gabonais a été tué samedi au cours d'une manifestation interdite de l'opposition réclamant le départ du président Ali Bongo Ondimba, qui a donné lieu à des heurts avec les forces de l'ordre.
Les circonstances exactes de la mort de ce jeune homme de 30 ans n'ont pas été précisées, mais cet incident ajoute aux tensions politiques croissantes dans le pays. Avant la manifestation, l'ONU avait appelé pouvoir et opposition au dialogue pour éviter "une crise profonde".
"Un jeune compatriote de 30 ans () est décédé"lors de la manifestation, a déclaré à la presse le procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé.
Il s'agissait d'un étudiant "qui a été mis sur le dessus d'un taxi" au milieu des manifestants, a-t-elle affirmé.
Selon le médecin légiste qui l'a examiné, le jeune homme est décédé d'une blessure à la gorge probablement causée par "un objet tranchant".
"Il est mort des suites des blessures que j'ai examinées au niveau () du cou" et il présentait une autre blessure "juste au-dessous du menton", a indiqué le Dr Liliane Flore Pemba.
Des heurts ont éclaté samedi dans la capitale lors de cette manifestation au cours de laquelle au moins une vingtaine de personnes ont été interpellées, a constaté une journaliste de l'AFP.
Les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes pour empêcher les manifestants de se rassembler au carrefour Rio, dans un quartier populaire, où des cortèges de plusieurs centaines de manifestants ont afflué de chaque côté de la place.
Un important dispositif sécuritaire était déployé, avec des camions et des dizaines de policiers et de gendarmes bloquant les accès au carrefour. Un hélicoptère survolait en permanence le lieu de la manifestation.
En première ligne, pris sous les tirs de grenades lacrymogènes, se trouvaient plusieurs ténors de l'opposition, dont l'ancien président de la Commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping, et le dernier Premier ministre du défunt président Omar Bongo Ondimba, Jean Eyéghé Ndong.
"Ali, dégage! 50 ans, c'est trop long!", scandait la foule. Le président Ali Bongo Ondimba a pris les rênes du pays à la mort en 2009 de son père Omar, au pouvoir depuis 1967.
"On venait marcher pacifiquement, dire qu'on en a marre que le pays soit pillé, c'est tout, mais ils nous traitent comme des chiens", a lancé Jonas, un jeune Gabonais.
Mais plusieurs manifestants ont répondu aux forces de l'ordre par des jets de pierre et de bouteilles en verre.
En début d'après-midi, une forte pluie, conjuguée à l'action des forces de l'ordre, a dispersé le gros de la foule. Des heurts ont alors éclaté dans les bidonvilles adjacents, comme les Akébés, où des groupes ont érigé des barricades, brûlant des pneus et au moins une voiture.
D'après le procureur, il y a eu "des actes de vandalisme", notamment des boutiques "saccagées" et "des voitures incendiées".
De grandes colonnes de fumée noire étaient toujours visibles dans le ciel en fin d'après-midi.
Vendredi, le ministère de l'Intérieur avait annoncé que la manifestation était interdite afin d'éviter d'éventuels "troubles à l'ordre public".
A la veille de ce rassemblement, le chef du bureau régional des Nations Unies pour l?Afrique centrale (Unoca), Abdoulaye Bathily, s'était dit "vivement préoccupé par le climat ambiant" au Gabon, appelant "au calme et au dialogue".
Il a souligné "l'urgence d'un dialogue entre le gouvernement et l?opposition pour trouver () une solution pacifique à l?impasse actuelle" et "éviter que le Gabon bascule dans une crise profonde".
La parution du dernier livre sur le pouvoir gabonais du journaliste français Pierre Péan, "Nouvelles affaires africaines", a suscité une grande polémique dans cette ex-colonie française.
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