La cour d'assises de la Haute-Garonne est allée vendredi au-delà des réquisitions en condamnant à la réclusion à perpétuité et 20 ans de prison deux jeune hommes reconnus coupables d'avoir poignardé un étudiant qui refusait de se laisser détrousser, en 2011 à Toulouse.
"Cette violence est une violence sociale et ce verdict qui vient d'être rendu, j'espère qu'il sera entendu par les malfrats qui polluent notre société" et commettent "ces actes gratuits", a réagi au sortir de l'audience Christian Roze, le père de la victime.
L'avocat général, Pierre Bernard, avait requis 30 et 15 ans d'emprisonnement. Mais le jury a infligé des peines plus lourdes: la réclusion criminelle à perpétuité à l'encontre d'Hicham Ouakki, 22 ans et, malgré ses dénégations, 20 années d'emprisonnement pour Driss Arab, 24 ans.
La cour a retenu le distingo opéré par l'avocat général. Ce dernier avait estimé que c'était bien Hicham Ouakki qui avait porté le coup de couteau mortel dans le c?ur de Jérémy Roze alors que celui-ci, étudiant de 27 ans en dernière année de pharmacie, tentait de résister au vol de ses quelques effets personnels.
Au moment de l'agression, vers 2H30 du matin, Jérémy Roze rentrait chez lui, après une soirée passée chez des amis.
Durant le procès, l'avocat général avait mis en avant les confidences répétées d'Hicham Ouakki à ses proches, notamment à sa petite amie dans une conversation téléphonique le 27 février 2011 à 02H46.
"J'ai planté un jeune", dit-il alors à sa confidente. A cet instant précis, Jérémy Roze gît encore sur un trottoir du quartier Saint-Michel, à moins de 100 mètres de là, et les secours rapidement alertés sont encore en route.
A l'époque de ces faits, Hicham Ouakki n'avait que 18 ans et un parcours personnel chaotique marqué par la mort prématurée de son père, onze condamnations au casier pour des vols souvent violents et des séjours dans des centres éducatifs fermés et autres familles d'accueil.
Quant à Driss Arab, la cour ne l'a pas cru et a jugé qu'il était bien présent aux côtés d'Hicham lors de l'agression du jeune étudiant.
"Ce verdict est la jurisprudence qui devrait s'installer pour ce genre de violences gratuites () partout en France", a estimé Christian Roze.
- 'Mort pour trois fois rien' -
La mort de Jérémy avait suscité une vive émotion à Toulouse: un "cortège de la colère" avait réuni un millier de personnes dans la ville.
Près de quatre ans plus tard, ce procès avait une résonance toute particulière dans la Ville rose. Plusieurs jeunes hommes y sont morts ou ont été grièvement blessés dans des circonstances analogues cette année, frappés à l'arme blanche à l'issue de soirées souvent arrosées et pour des motifs futiles : un scooter malencontreusement renversé, une bouteille d'alcool refusée dans un bar, etc.
Selon un enquêteur appelé à la barre, Toulouse connaît en moyenne soixante vols avec violence par semaine, en majeure partie commis dans l'hyper-centre sur des étudiants de sortie.
Venus de Limoges pour s'amuser quelques jours à Toulouse, les deux accusés, qui se connaissaient depuis quelques mois, y avaient commis au moins cinq agressions de passants, notamment d'étudiants.
Cette équipée violente ne s'était pas arrêtée avec la mort de Jérémy. A peine dix-sept heures après cette agression mortelle, ils s'en prenaient de nouveau à un "Yankee", un terme codé désignant un jeune homme européen susceptible d'avoir de l'argent ou un téléphone portable dernier cri sur lui.
"Ce jeune homme est mort pour rien, ou pour trois fois rien, tué parce qu'à leur avis, il avait certainement un portable et une carte bleue", s'est désolé l'avocat général.
Invités à prendre la parole une dernière fois vendredi après-midi, les deux hommes avaient timidement demandé pardon à la famille, sans toutefois revenir sur leurs versions contradictoires.
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