Le massacre taliban de 133 écoliers à Peshawar est pour le Pakistan un "11 septembre" qui va "changer la donne" dans son combat contre le terrorisme, a déclaré vendredi à l'AFP le chef de la diplomatie pakistanaise, Sartaj Aziz.
L'attaque, revendiquée par les rebelles islamistes du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), a profondément choqué dans le pays comme à l'étranger, et conduit le gouvernement d'Islamabad à réaffirmer sa détermination à éradiquer tous les groupes terroristes sur son sol, sans distinction.
"C'est une tragédie nationale" qui "change la donne", a déclaré M. Aziz dans un entretien à l'AFP, à propos de cet assaut qui, avec 149 morts au total, est le plus sanglant acte terroriste de l'histoire d'un pays abonné à ces violences depuis dix ans.
"Ce 16 décembre est pour nous un mini 11 septembre", a ajouté M. Aziz, principal conseiller diplomatique du Premier ministre Nawaz Sharif, en soulignant que le 11 septembre 2001 avait "changé les Etats-Unis et le monde entier".
- la société ébranlée -
"Cela a secoué la société pakistanaise toute entière, et nous a fait franchir un seuil dans notre stratégie anti-terroriste", a-t-il souligné.
Le Pakistan est depuis longtemps accusé de jouer un double jeu avec des groupes islamistes en soutenant ceux qui peuvent défendre ses intérêts dans les pays voisins, comme les rebelles talibans d'Afghanistan ou les jihadistes anti indiens au Cachemire.
Or depuis le milieu des années 2000, certains groupes armés, rejoints par une nouvelle génération jihadiste au sein du TTP, se sont retournés contre le gouvernement pakistanais.
Désormais, "la distinction entre groupes que l'on veut viser et groupes que l'on ne veut pas viser a virtuellement disparu", a assuré M. Aziz. "Au final, ils se soutiennent tous, et faire des distinctions leur donne un espace qui peut devenir dangereux".
Selon les témoins, les assaillants de Peshawar sont passés de classe en classe en ouvrant le feu sur les écoliers, allant même achever les blessés ou ceux cachés sous les bureaux.
"Dans le passé, les extrémistes avaient détruit des écoles, mais jamais ils n'avaient visé et s'étaient acharnés sur des enfants de cette manière () C'est inacceptable () Aujourd'hui, une ligne rouge est tracée, et nous ne pouvons plus tolérer ceux qui la franchissent", a-t-il assuré.
Avant l'attaque, l"opinion était divisée" et les talibans avaient de "nombreux soutiens", admet-il. Mais le carnage a entraîné une réaction de rejet "sans précédent dans notre histoire" tant au sein de la société que de la classe politique, a-t-il conclu.
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