L'Insee a conforté jeudi les espoirs du gouvernement en prédisant une petite accélération de la croissance, qui restera toutefois sans effet sur le chômage, et très dépendante du prix du pétrole comme du cours de l'euro.
L'Institut national de la statistique et des études économiques attend, après 0,1% de progression du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre, une accélération à 0,3% au premier comme au deuxième trimestre 2015, selon sa dernière "Note de conjoncture".
Si l'Insee n'a pas fait de prévision pour l'ensemble de 2015, il a livré une indication précieuse en estimant à 0,7% "l'acquis de croissance" à la fin du premier semestre 2015.
Ce terme technique désigne ce que serait la croissance annuelle même en cas de panne d'activité au deuxième semestre. L'Insee a aussi fait savoir que de l'été 2014 à l'été 2015 la croissance française devrait être de 1%, alors qu'elle avait été nulle entre l'été 2013 et l'été 2014.
Ces projections sont donc compatibles avec l'espoir du gouvernement français d'une croissance de 1% pour toute l'année prochaine.
Le ministre des Finances Michel Sapin a jugé dans un communiqué que "le scénario de croissance du gouvernement (était) conforté", mais a estimé que l'accélération n'était pas "suffisamment forte", ce qui, selon lui, appelle une réponse européenne.
- Euro faible et contre-choc pétrolier -
"Un certain nombre de freins se desserrent en cette fin d'année et nous rendent un peu plus optimistes", a indiqué Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l'Insee, lors d'une conférence de presse.
Cet optimisme se nourrit pour une bonne part de facteurs externes: la baisse conjuguée de l'euro et du prix du pétrole, bonne pour le pouvoir d'achat comme pour la compétitivité, pèse "un peu moins de la moitié" de la croissance prévue en France d'ici l'été prochain, selon M. Passeron.
Cette aubaine pourrait même s'accentuer: l'Insee a fait ses prévisions en fixant le prix du baril de pétrole à 70 dollars. Jeudi, il évoluait en-dessous de 65 dollars.
M. Passeron a aussi estimé que certains facteurs internes à la France soutenaient l'activité: les aides publiques aux entreprises, notamment le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, l'arrêt de l'augmentation de la pression fiscale, ou encore une stabilisation des dépenses de logement des ménages, qui ont chuté cette année. Cela laisse espérer une accalmie pour le secteur du BTP, en plein désarroi.
Mais l'optimisme des statisticiens a buté sur le marché du travail: l'Insee s'attend à ce que le taux de chômage en France augmente encore pour atteindre 10,6% à la mi-2015, contre 10,4% en moyenne au troisième trimestre 2014.
- 'Tous les signaux ne sont pas au vert' -
Car si la croissance française reprend, "tous les signaux ne sont pas au vert" selon M. Passeron, en raison de "l'attentisme" des entreprises notamment. Leur investissement n'augmentera que "très légèrement" en début d'année prochaine, malgré un environnement très positif de taux bas et des marges se redressant "nettement".
La consommation des ménages devrait progresser de 1% entre mi-2014 et mi-2015, mais pas tout à fait aussi vite que le pouvoir d'achat, signe que les Français vont encore garnir leur épargne de précaution.
Hors des frontières, de mauvaises surprises pourraient venir de l'environnement international, en particulier des pays émergents, toujours fébriles.
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