Le monde saluait jeudi le rapprochement historique entre les Etats-Unis et Cuba, un coup de maître diplomatique du président Barack Obama qui pourrait être consacré par sa visite dans l'île communiste et le voyage à Washington de son homologue cubain Raul Castro.
Mais l'annonce choc, mercredi, des deux chefs d'Etat sur la volonté de normaliser leurs relations va buter sur un Congrès américain hostile à lever l'embargo économique que Washington impose depuis 1962 à La Havane. L'un des derniers vestiges de la Guerre froide.
La communauté internationale -- en Asie, en Amérique latine et en Europe -- s'inclinait jeudi devant une "décision historique", un "geste courageux", voire la "fin de la Guerre froide".
Le président français François Hollande s'est réjoui de cette "détente", lançant que "la guerre froide, ça doit être terminé, une fois pour toutes". La Chine, rivale des Etats-Unis, a "salué la normalisation" des relations entre Washington et l'un des derniers régimes communistes, appelant les Américains à lever "le plus tôt possible" l'embargo.
Les pays latino-américains, réunis en sommet régional en Argentine, se sont félicités du "début de la fin de la Guerre froide sur le continent américain" où règnerait "la paix totale entre les nations".
"Todos somos americanos" ("Nous sommes tous américains"), avait lancé mercredi Barack Obama, une formule déjà promise à figurer dans les livres d'histoire.
Même l'un des contempteurs les plus acerbes des Etats-Unis, le président vénézuélien Nicolas Maduro, a salué une "rectification historique", un "geste courageux d'Obama et nécessaire pour l'Histoire", en même temps qu'une "victoire de la morale () et de Fidel" Castro.
- 'Un mur commence à tomber' -
Le pape François, artisan avec le Canada de ce rapprochement, avait le premier parlé d'une "décision historique". L'Union européenne, qui cherche à renouer avec Cuba depuis 2003, y a vu un "tournant historique". "Un nouveau mur commence à tomber", a lancé sa chef de la diplomatie, Federica Mogherini.
En rompant avec leur politique d'hostilité à l'égard de Cuba, les Etats-Unis ont voulu mettre fin à leur isolement sur un dossier cubain qu'ils étaient quasiment les seuls à défendre.
"Ni le peuple américain ni le peuple cubain ne tirent bénéfice d'une politique rigide héritée d'événements qui ont eu lieu quand la plupart d'entre nous n'étaient pas nés", avait justifié mercredi M. Obama, né en 1961. Et comme l'avait souligné son chef de la diplomatie John Kerry, "ce n'est pas Cuba qui est isolée, ce sont les Etats-Unis".
Cette réconciliation pourrait être consacrée par des visites croisées des deux présidents. De très forts symboles diplomatiques qui pulvériseraient ce reste de la Guerre froide, depuis la prise de pouvoir de Fidel Castro en 1959.
"Je n'exclurais pas une visite du président (Raul) Castro", a déclaré Josh Earnest, porte-parole de la Maison Blanche. Mercredi, la présidence américaine avait évoqué une éventuelle visite de M. Obama à Cuba. "Je n'ai pas de projet particulier à ce propos pour le moment, mais voyons comment les choses évoluent", avait déclaré lui-même le président sur ABC.
- L'embargo loin d'être levé -
Mais tant Raul Castro que Barack Obama ont reconnu que l'épineuse question de l'embargo n'était pas réglée.
M. Obama a réclamé un débat, qui s'annonce houleux, avec le Congrès sur la levée du "plus vieil embargo du monde", une mesure punitive "inscrite dans la loi" américaine.
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