Les écoliers rescapés du carnage des talibans pakistanais dans une école de Peshawar ont promis jeudi de "venger" la mort de leurs proches et de retourner en classe le plus tôt possible pour défier les rebelles islamistes.
L'assaut commando du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) a causé la mort de 148 personnes, dont 132 enfants et adolescents, mardi dans une école publique de l'armée à Peshawar (nord-ouest), l'attaque terroriste la plus sanglante de l'histoire du Pakistan.
Sur place, au deuxième jour d'un deuil national qui doit s'achever vendredi, la tristesse se mêlait à une volonté de riposter au TTP, dont la "guerre sainte" contre le gouvernement a tué plus de 7.000 personnes à travers le pays depuis 2007.
Avec ses murs tachés de sang et criblés d'impacts de balles, l'école martyre a été ravagée par huit heures de déchaînement de violence, de l'irruption des talibans à leurs morts au terme d'échanges de tir nourris avec les forces pakistanaises.
Mais les autorités ont promis de remettre le bâtiment en état dès le 4 janvier, moins de trois semaines après l'attaque. Devant l'établissement jeudi, des centaines d'élèves, de parents et de personnes happées par cette tragédie veillaient ou déposaient des gerbes de fleurs en hommage aux victimes.
Sur place, Mohammad Bilal, 14 ans, dit vouloir défier ses parents, qui préfèrent le voir à la maison, en retournant dès que possible en classe. "Je serai là dès que l'école rouvrira. Je n'ai pas peur des terroristes, je sais comment leur faire passer le message", en retournant à l'école, dit-il à l'AFP.
"J'y serai dès la réouverture", a renchéri son camarade Moakal Jan, 13 ans et plus déterminé que jamais à joindre un jour l'armée pakistanaise qui combat les talibans.
- Les talibans menacent à nouveau -
"Je vais devenir soldat pour venger la mort de mes amis et de mes camarades de classe", assure Moakal qui a perdu neuf proches dans ce carnage condamné tant à l'étranger qu'au Pakistan, où la population demande plus que jamais à l'armée, l'institution la plus puissante du pays, de faire cesser ces violences.
"Je souhaite intégrer l'armée depuis que je suis enfant, mais maintenant je suis plus déterminé que jamais. Je veux venger mes amis, combattre les terroristes", plaide Abu Bakar, 18 ans.
Les talibans ont menacé de mener d'autres opérations meurtrières si les forces pakistanaises ripostaient à celle de Peshawar.
"Si nos femmes et nos enfants meurent en martyrs, vos enfants n'échapperont pas" à la mort, a prévenu dans un message Khalifa Umar Mansoor, le commandant taliban identifié par les services de renseignement locaux comme l'architecte de l'assaut de Peshawar.
Peshawar se trouve dans le nord-ouest du Pakistan, près de la frontière avec l'Afghanistan. De cette région majoritairement pachtoune vient aussi le prix Nobel de la paix 2014, Malala Yousafzai, une des critiques les plus féroces des talibans.
A Islamabad, capitale en général épargnée par les attaques islamistes, les autorités ont prévenu près de 400 écoles de possibles menaces d'attaques contre des bus scolaires.
Les écoles de la ville ont renforcé leur sécurité et organisé pour certaines des exercices pour apprendre aux élèves comment se comporter et éviter d'être atteints en cas d'attaque.
Au lendemain de l'attaque de Peshawar, le Premier ministre Nawaz Sharif avait annoncé la reprise des exécutions de peines de mort, suspendues depuis 2008, infligées pour des actes terroristes.
Jeudi, des responsables de prisons du nord-ouest ont dit craindre des évasions de "grande ampleur" à la suite de cette décision.
La tragédie de Peshawar a faire redoubler les critiques contre le Pakistan, accusé d'avoir laissé prospérer les groupes islamistes sur son sol, par électoralisme car leur idéologie radicale influence une partie de la population, ou par calcul stratégique car certains de ces groupes peuvent défendre ses intérêts dans les pays voisins, en Inde ou en Afghanistan.
Et la libération sous caution jeudi par la justice pakistanaise de Zakiur Rehman Lakhvi, cerveau présumé des attaques de Bombay, qui avaient fait 166 morts en novembre 2008 dans la capitale économique indienne, n'a rien fait pour calmer ces doutes.
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