L'Union européenne a adopté jeudi de nouvelles sanctions visant la Crimée, juste avant un sommet de l'UE consacré à l'avenir des relations avec une Russie en crise, appelée à un "changement radical" d'attitude en Ukraine.
"Le président Poutine et les dirigeants russes doivent réfléchir sérieusement à () un changement radical d'attitude envers le reste du monde", a affirmé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, à son arrivée au sommet des chefs d'Etat et de gouvernement.
Elle a souligné que la grave crise financière russe, due en partie aux sanctions occidentales contre Moscou, n'était "pas une bonne nouvelle", ni pour "les citoyens russes () ni pour l'Ukraine, ni pour l'Europe ou le reste du monde".
Aucune nouvelle sanction ne doit être décidée contre la Russie lors du sommet. L'UE a cependant approuvé jeudi un nouveau train de mesures décidées il y a un mois par rapport à la Crimée.
Tous les investissements européens y sont désormais interdits pour marquer l'opposition de l'Europe à "l'annexion illégale" de la péninsule ukrainienne par la Russie. Moscou a aussitôt réagi en affirmant que la Crimée est une "partie inaliénable" de la Russie.
Le tout nouveau président du Conseil européen, Donald Tusk, a programmé dès son premier sommet un débat sur la "stratégie" à adopter vis-à-vis de Moscou. Il fut pendant sept ans Premier ministre de Pologne, un des pays les plus engagés dans la réaction européenne au conflit en Ukraine. Il a plaidé jeudi pour "une stratégie à la fois ferme et responsable".
Les 28 doivent notamment réfléchir à la suite à donner aux lourdes sanctions décidées cet été, qui arriveront à échéance en juin 2015. "Tout le monde est d'accord pour dire que les sanctions ont un impact, mais elles ne sont pas une fin en soi", estime une source européenne en soulignant que la Russie n'a pas modifié d'un iota sa politique en Ukraine.
- 'Pas de conférence des donateurs' -
La chancelière Angela Merkel, principale interlocutrice européenne de Vladimir Poutine, a assuré que l'objectif était "la coopération européenne () avec la Russie, pas contre la Russie". Mais elle a rappelé que "l'objectif" demeure "une Ukraine souveraine et territorialement unie", et que "jusqu'à ce que cet objectif soit atteint () les sanctions demeurent inévitables".
A l'inverse, le président français, François Hollande, a évoqué une "désescalade" des sanctions "si les gestes sont envoyés par la Russie".
M. Tusk a aussi souhaité que l'UE "signale clairement" qu'elle est "prête à soutenir l'Ukraine, y compris financièrement". L'UE a déjà déboursé 1,6 milliard d'euros pour l'Ukraine, mais elle demande des réformes. Pour Mme Mogherini, "il est temps que l'UE concentre ses forces pour faire de l'Ukraine un succès, ce qui va nécessiter du travail à la fois à Kiev et à Bruxelles".
"Il faut voir quel montant peut encore être mobilisé, mais l'UE a atteint ses limites en terme de budget", a nuancé le président de la Commission, Jean-Claude Juncker.
L'autre gros sujet sur la table sera le plan d'investissement de 315 milliards d'euros proposé par la Commission Juncker, que les 28 doivent mettre sur les rails. Mais il provoque un début de bras de fer entre Bruxelles et les capitales européennes.
Jean-Claude Juncker a lancé un appel aux chefs d'Etat et de gouvernement pour qu'ils "mettent la main au portefeuille" et abondent le fonds de garantie qui doit être mis en place dans les prochains mois avec de l'argent européen.
"Plusieurs Etats ont manifesté un intérêt potentiel. J'attends maintenant des propositions concrètes et pas seulement +paroles, paroles+. J'ai besoin de +money, money+, d'argent sonnant et trébuchant", a-t-il déclaré à la veille du sommet.
Mais les 28 en sont encore loin. Ils veulent d'abord savoir comment fonctionnera le programme, pour quels projets et avec quels retours pour leurs pays et ont apporté un soutien a minima au plan. La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi préféré insister sur la nécessité de poursuivre les réformes structurelles en Europe.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.