Vladimir Poutine a promis jeudi de régler dans les deux ans la grave crise monétaire que traverse la Russie, sans toutefois se montrer précis sur les moyens d'y parvenir, et s'est montré inflexible dans le dossier ukrainien estimant que les Occidentaux se comportaient en impérialistes.
Au moment où le président russe prenait la parole devant un millier de journalistes russes et étrangers réunis pour sa conférence de presse rituelle de fin d'année, l'Union européenne annonçait une nouvelle série de sanctions, interdisant tous les investissements européens dans la péninsule ukrainienne de Crimée annexée en mars par la Russie.
La diplomatie russe a réagi en rappelant que la Crimée était une partie "inaliénable" de la Russie.
Silencieux depuis le début du tourbillon monétaire qui touche de plein fouet son pays et menace les piliers de l'économie russe, Vladimir Poutine et ses solutions étaient très attendus. Mais en l'espèce, le chef de l'Etat n'a quasiment rien annoncé, s'en remettant à un rebond des prix du pétrole pour espérer une amélioration de la situation.
"Dans le scénario le plus défavorable pour la conjoncture internationale, la situation peut durer deux ans mais elle peut se corriger avant", a-t-il déclaré, avouant la difficulté à établir une quelconque prévision face à "de nombreux facteurs d'incertitude".
"Nous allons utiliser les mesures que nous avons employées avec succès en 2008" lors de la crise financière, a ajouté le président. Il a simplement assuré qu'il ne prendrait aucune mesure dirigiste pour encadrer le marché et a qualifié les décisions prises par le gouvernement et la banque centrale d'"adéquates" malgré quelques critiques.
S'il a mis en cause les "facteurs extérieurs" et en premier lieu la chute des prix du pétrole, il a reconnu que la Russie avait sa part de responsabilité, n'ayant pas profité suffisamment des années passées pour diversifier son économie, très dépendante des cours des hydrocarbures.
Signe que le marché n'est pas complètement rassuré, le rouble, en hausse en début de journée, reculait après son intervention, malgré un net rebond des cours du pétrole. Vers 13H10 GMT, il était en légère baisse à 61,14 roubles pour un dollar et 75,30 roubles pour un euro. Les deux indices de la Bourse de Moscou gagnaient, eux, plus de 5%.
Même s'il a retrouvé des couleurs par rapport aux heures les plus noires de sa chute mardi, le rouble reste en baisse de 40% par rapport à son niveau au début de l'année et l'onde de choc monétaire du début de semaine promet de difficiles mois à venir pour l'économie russe. La presse russe rapporte que certains fournisseurs et importateurs ont suspendu leurs livraisons en attendant de voir l'évolution de la monnaie ou ont déjà augmenté leurs prix.
- La Russie a raison -
Cette crise monétaire clôt une année tumultueuse pour la Russie engagée dans un bras de fer sans précédent depuis la chute de l'URSS avec les Occidentaux. Les événements en Ukraine ont creusé un fossé immense entre Moscou et Kiev, mais également entre Moscou et Bruxelles et Washington.
Et alors que ces derniers jours, des dirigeants occidentaux lançaient des appels au président russe pour qu'il montre des signes de désengagement du dossier ukrainien, la réponse du président a été cinglante: la Russie a raison, les Occidentaux ont tort et la stratégie en Ukraine est la bonne.
Il a ainsi accusé les autorités ukrainiennes de mener une "opération punitive" contre les rebelles de l'Est. "J'estime que nous avons raison en ce qui concerne la crise en Ukraine. Et comme je l'ai déjà dit, nos partenaires occidentaux ont tort", a par ailleurs dit le président dans une formule lapidaire.
Interrogé sur l'édification, 25 ans après la chute du mur de Berlin, d'un nouveau mur entre la Russie et l'Europe, il a accusé les Occidentaux d'en être responsables. "Il s'agit d'un mur virtuel, mais il commence déjà à être construit", a déclaré le chef de l'Etat, rappelant le précédent de l'élargissement de l'Otan jusqu'aux portes de la Russie (pays Baltes) et du bouclier antimissile en Europe orientale.
"Nos partenaires ont décidé qu'ils étaient les vainqueurs, qu'ils étaient désormais un empire et que les autres étaient des vassaux qu'il faut faire marcher au pas", a-t-il fustigé.
"Le problème, ce n'est pas la Crimée, c'est que nous défendons notre indépendance, notre souveraineté et notre droit à l'existence", a-t-il martelé.
Dans un domaine plus privé, les 189 minutes de conférence de presse du président on permis d'apprendre deux choses sur l'homme: il est amoureux et ne sait pas combien il gagne.
Séparé de la mère de ses deux filles depuis 2013, il n'a pas précisé qui partageait désormais sa vie, se contenant d'un: "Tout va bien, ne vous inquiétez pas".
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