Déjà bloqué par des manifestants, le chantier du Center Parcs de Roybon (Isère) le sera-t-il aussi par la justice? Le tribunal administratif de Grenoble, qui examinait jeudi quatre recours contre le projet, tranchera mardi.
L'audience a duré plus de trois heures tandis qu'à l'extérieur du tribunal, une centaine d'opposants au projet était réunie face à une centaine de partisans, dans le calme. Une compagnie de CRS avait été mobilisée sur les lieux et un périmètre de sécurité bloquait les rues adjacentes.
Le juge des référés n'a pas à se prononcer sur la pertinence du village que veut construire le groupe Pierre & Vacances, sur lequel plane l'ombre de Sivens et Notre-Dame-des-Landes et qui doit accueillir mille cottages avec bulle tropicale sur 200 hectares au c?ur de la forêt de Chambaran.
Il doit seulement décider de suspendre ou non le défrichement préalable au chantier au vu de la légalité de deux arrêtés préfectoraux pris le 3 et le 16 octobre, qui ont fait office de feu vert au démarrage des travaux: l'un autorise le projet au titre de la loi sur l'eau, tandis que l'autre permet la destruction d'une cinquantaine d'espèces protégées ou de leur habitat (amphibiens, reptiles, écureuils, écrevisses à pieds blancs, etc.).
Trois des quatre recours visent le second arrêté et un quatrième déposé par la Fédération de pêche de la Drôme s'attaque au premier arrêté.
- Projet scandaleux pour les uns, essentiel pour les autres -
Entamé le 20 octobre, le chantier est bloqué depuis début décembre par des militants "zadistes", qui occupent une maison à proximité du site, tandis que des habitants soutiennent le projet.
"Les écolos, il en faut pour pas qu'il y ait de trop grosses bêtises de faites, mais là ils poussent le bouchon un peu loin, ils n'ont rien à proposer pour remplacer les 700 emplois de Center Parcs. La région se meurt: () y?a des enfants du pays qui se tirent", confiait jeudi Hervé, ancien habitant de Roybon parti travailler à Lyon.
"Ce que l'on souhaite c'est l'aboutissement de ce projet essentiel et capital pour notre région. On aimerait pouvoir continuer car le préfet a donné une autorisation. La commission d'enquête n'a donné qu'un avis", a renchéri Marcel Bachasson, conseiller général (DVD) du canton de Roybon.
"Nous sommes là pour défendre la ressource en eau d'un territoire menacé par un projet aberrant, daté et qui consomme un argent public rare, le tout au bénéfice d'un promoteur privé. C'est un projet scandaleux à tous les égards", a rétorqué Pierre Mériaux, élu EELV à la ville de Grenoble et à la région Rhône-Alpes.
"Les emplois peut-être, mais peut-être pas à n'importe quel prix. Sinon, il faut faire des Center Parcs partout où il n'y a pas d'emplois", estimait Jacques, habitant de la Drôme.
- Une commission d'enquête unanimement défavorable -
Les opposants s'appuient sur la commission d'enquête publique au titre de la loi sur l'eau qui a rendu en juillet un avis unanimement défavorable au projet.
Mardi, la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, changeant de ton par rapport à de précédentes déclarations prudentes sur le sujet, a estimé qu'il fallait "écouter ce que disent" ces commissions. "S'il faut réajuster le projet on le fera mais je mets en garde ceux qui décident des projets sans écouter ce qui est dit avant, parce qu'ils portent préjudice aux entreprises", a-t-elle dit.
La préfecture de l'Isère fait justement valoir que le groupe Pierre & Vacances a répondu à toutes les critiques de la commission d'enquête, par exemple "en proposant la renaturation et l'amélioration de zones humides dégradées sur une surface de 152 hectares". Des "améliorations" que les opposants jugent insuffisantes.
Lancé en 2007, le Center Parcs a déjà fait l'objet de nombreux recours. La région Rhône-Alpes a récemment pris ses distances avec le projet, son président Jean-Jack Queyranne (PS) appelant à "revoir" le dossier avant de lui accorder une subvention, votée en 2009.
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