"Décision historique" et "geste courageux": l'annonce du rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba a été accueillie mercredi avec enthousiasme en Amérique et en Europe, où l'on espère que ce geste va sortir Cuba de son isolement.
L'un des principaux artisans de ce rapprochement, le pape François, a été le premier mercredi à saluer la "décision historique", annoncée de manière simultanée à Washington et à La Havane par les dirigeants cubain Raul Castro et américain Barack Obama.
"Le Saint-père désire exprimer sa grande satisfaction pour la décision historique des gouvernements des Etats-Unis et de Cuba d'établir des relations diplomatiques, afin de surmonter, dans l'intérêt de leurs citoyens respectifs, les difficultés qui ont marqué leur histoire récente", énonce le communiqué du Vatican.
Le Saint-siège a également confirmé avoir accueilli en octobre des délégations des deux pays, offrant "ses bons offices pour favoriser un dialogue constructif sur les thèmes délicats".
Le Canada, qui a été "l'hôte de hauts dirigeants des Etats-Unis et de Cuba" à partir de juin 2013, a félicité lui aussi les deux gouvernements "pour leur dialogue et leurs négociations qui portent fruit et qui conduiront à des relations normalisées", a indiqué le Premier ministre Stephen Harper. Le Canada est l'un des rares pays des Amériques à n'avoir jamais rompu ses relations diplomatiques avec Cuba après la révolution de 1959.
- L'Europe insiste sur les droits de l'Homme -
Les pays latino-américains, réunis pour le 47e sommet du Mercosur en Argentine, ont salué ce pas vers la paix sur le continent. Même le critique le plus acerbe de Washington, le président vénézuélien Nicolas Maduro, s'est joint à eux pour saluer cette "rectification historique".
"Le geste d'Obama est courageux et nécessaire pour l'Histoire", a jugé M. Maduro, y voyant une "victoire de la morale", une "victoire de Fidel" Castro, une victoire "historique du peuple cubain".
Le ministre des Affaires étrangères équatorien a félicité sur Twitter "Cuba et les Etats-Unis pour les accords obtenus", son homologue chilien espérant que ce "début de la fin de la guerre froide sur le continent américain" permettra "une normalisation" des relations qui "fera du bien à toute la région".
Car au sud de Washington, beaucoup espèrent que ce rapprochement avec Cuba, après un demi-siècle de silence diplomatique, "ouvre la porte à ce que, dans un avenir, je l'espère, proche, nous puissions accomplir le rêve d'avoir un continent où règne la paix totale entre les nations et en leur sein", a affirmé Juan Manuel Santos, président colombien, grand allié des Etats-Unis dans la région.
L'Union européenne, qui cherche elle-même à renouer des relations avec Cuba suspendues depuis 2003, a salué un "tournant historique" représentant "une victoire du dialogue sur la confrontation".
"Aujourd'hui, un nouveau mur commence à tomber", estime dans un communiqué la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
"Les droits de l'Homme demeurent au coeur de la politique de l'UE envers Cuba", a-t-elle insisté. L'UE et Cuba négocient depuis mai un "Accord de dialogue politique et de coopération". Cuba a demandé le 9 décembre le report sine die de la troisième session de négociations prévue initialement les 8 et 9 janvier.
La Havane souhaite que l'UE abandonne sa "position commune", en vigueur depuis 1996, qui conditionne toute coopération avec le régime castriste à des progrès démocratiques.
"Cet avenir ne pourra se construire que sur le respect de la démocratie et des droits de l'Homme", a aussi prévenu le ministre espagnol des Affaires étrangères, Manuel Garcia-Margallo, saluant "une nouvelle porteuse d'espoir".
La France espère que ce rapprochement aboutira "à la levée à terme de l'embargo sur ce pays", a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. L'Allemagne a salué "une très bonne nouvelle en ces temps riches en conflits".
Les réactions les plus virulentes sont finalement venues des Etats-Unis. Des parlementaires démocrates et républicains partisans de l'isolement de Cuba ont déploré la décision de Barack Obama qui pourrait assouplir l'embargo mis en place par John F. Kennedy en 1962. Et des exilés cubains de Miami ont dénoncé "une trahison" du président américain.
Au contraire, la prétendante officieuse à la Maison Blanche Hillary Clinton a salué ce rapprochement, estimant que l'isolement de Cuba "n'a fait que renforcer le maintien du régime Castro au pouvoir".
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