Et une nouvelle crise à la Fifa ! Michael Garcia, surnommé "l'incorruptible", qui enquêtait sur l'attribution des Mondiaux 2018 à la Russie et 2022 au Qatar, a démissionné mercredi de la Fifa, dénonçant des manques de transparence et d'envie de faire la lumière.
. Garcia accuse le coup et accuse la Fifa
Dans le texte de son communiqué, envoyé par le cabinet d'avocats américain où il travaille, Garcia, ancien procureur fédéral américain, a des mots très durs vis à vis de la Fifa.
"Pendant les deux premières années après mon recrutement en juillet 2012 comme président indépendant de la chambre d'enquête de la commission d'éthique de la Fifa, je pensais que (cette dernière instance) faisait de réels progrès. Ces derniers mois, cela a changé", commence-t-il.
Et dénoncer ensuite étape par étape tout ce qui l'a hérissé. Garcia rappelle qu'il a remis son rapport le 5 septembre, identifiant "des problèmes, sérieux et de grande envergure, dans le processus de candidature et de sélection" de ces Coupes du monde décidément mal nées. Celui qui était comparé à Eliot Ness par la presse tombe dès lors en désaccord avec le président de l'autre chambre de la commission d'éthique, celle de jugement, Hans-Joachim Eckert. L'Allemand est opposé à une publication de ce rapport tandis que Garcia pense qu'une "transparence insuffisante ne sert pas les intérêts de la Fifa". Il n'était pas le seul, d'autres personnalités du foot, comme le président de l'UEFA Michel Platini, réclamaient la publication de ce rapport.
Garcia regrette que le comité exécutif de la Fifa, gouvernement du foot mondial, n'ait pas pris position sur ce sujet en septembre, dénonçant en outre, fait nouveau, que cet organe ait voulu le traduire devant la commission de discipline pour avoir, entre autres, enfreint les règles d'éthique par ses prises de position publique sur une meilleure transparence. Garcia révèle dans son texte que le président du corps disciplinaire de la Fifa, Claudio Sulser, n'a pas suivi cette requête et ne l'a pas inquiété.
Le président de la Fifa Joseph Blatter s'est dit "surpris" dans un communiqué par la démission de Garcia alors que le Français Jérôme Champagne, adversaire du Suisse pour la présidence de l'instance, a estimé que cette décision constituait "un pas en arrière".
. Le rejet de l'appel, le casus belli
Le 13 novembre, Eckert a rédigé une synthèse de l'enquête de Garcia, concluant qu'il n'y avait pas matière à remettre en cause l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022. Des conclusions que l'Américain a immédiatement contesté, parlant d'"omission de pièces". Garcia a alors interjeté appel le 24 novembre, rejeté mardi par la commission de recours de la Fifa.
"Je ne suis pas d'accord avec la décision (de rejeter son appel) de la Commission de recours de la Fifa", grince Garcia mercredi. L'Américain n'a pas digéré non plus les propos du président de la Fifa Joseph Blatter qui a déclaré récemment sur le site de la Fifa que "l?enquête sur la procédure de candidature à l?organisation des Coupes du Monde de la 2018 et 2022 est close".
Garcia en déduit que la position d'Eckert est "le point final" sur ces dossiers. L'Américain pense qu'un recours de sa part devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne ne serait pas productif.
Et de conclure sévèrement: "Aucune commission de gouvernance indépendante, aucun enquêteur () ne peut changer la culture d'une organisation. Et tandis que le 13 novembre, la décision d'Eckert m'a fait perdre confiance dans l'indépendance de la chambre de jugement, c'est maintenant le manque de leadership sur ces problèmes qui me conduit à mettre un terme à ma fonction".
La balle est maintenant dans le camp de la Fifa. Le timing de Garcia est en ce sens parfait. Jeudi et vendredi, le comité exécutif de la Fifa se réunit à Marrakech, en marge de la Coupe du monde des clubs au Maroc. Il y sera donc encore question, une nouvelle fois, du Qatar et de la Russie.
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