Des livres, des cahiers et des crayons jonchent le sol baignant dans le sang de la centaine d'élèves morts dans l'école de Peshawar (nord-ouest du Pakistan) attaquée par un commando taliban, un silence inhabituel règne dans les corridors.
Ils ne reviendront plus jamais en classe, ne riront plus jamais dans la cour de récréation et ne pleureront plus jamais après un examen.
Dans l'école publique de l'armée pakistanaise, les cris se sont tus et les rêves des écoliers se sont évanouis pour faire place à un silence de mort qui n'est interrompu que par le bruit des bottes des soldats pakistanais, au lendemain de l'attaque la plus meurtrière de l'histoire du Pakistan, fatale à 148 personnes.
Le plancher de l'auditorium de cet établissement scolaire de Peshawar, grande ville poussiéreuse du Nord-Ouest du Pakistan, est encore recouvert de flaques de sang séché. Des livres, des cravates, des pull-overs et des cahiers de notes sont abandonnés à jamais sur le sol, les écoliers ne viendront pas les récupérer.
La veille, ils étaient pourtant là, bien vivants, pour suivre une formation les préparant à un avenir qu'ils imaginaient plein de promesses. Mais un commando islamiste du TTP, le même groupe qui avait tenté d'assassiner la jeune Malala il y a deux ans, a fait irruption, déguisé en paramilitaires.
Les talibans, dont le nom signifie pourtant étudiants en religion, n'ont pas posé de questions et ont semé la mort en criblant de balles écoliers et professeurs horrifiés.
A l'approche du commando, la directrice de l'école s'est enfermée dans les toilettes pensant échapper à un funeste destin, mais les talibans ont ouvert une conduite de ventilation pour y lancer une grenade. Elle a été retrouvée, morte, carbonisée, sur une chaise, selon l'armée.
D'autres doivent leur survie en ayant fait semblant d'être morts, en se faisant passer pour des cadavres, comme les jeunes Shahrukh Khan ou Ahmad Faraz. "Mon corps tremblait, j'ai vu la mort de si près, je n'oublierai jamais ces grosses bottes noires (des talibans), comme si c'était la mort elle-même qui me traquait", confie Shahrukh, blessé par balle aux jambes.
Lorsque les talibans sont enfin partis, "il y avait un silence presque total" dans la classe, raconte Ahmad. "Je me suis précipité hors de la classe avec d'autres écoliers blessés. une course folle a alors commencé vers la sortie (de l'école), je saignais, je suis tombé et j'ai été piétiné par mes camarades".
Dans cet établissement scolaire moderne, fréquenté par des enfants de militaires mais aussi de civils, âgés de 10 à 20 ans, les murs sont aujourd'hui maculés de sang, criblés d'impacts de balle.
Les bureaux de la direction ont quant à eux été complètement ravagés. C'est là, que le commando de six talibans a trouvé la mort dans son dernier combat contre les forces spéciales.
Une pièce est désormais ensevelie sous un chaos de verre brisé, de cartouches de fusil, d'ordinateurs éventrés. Plus loin, deux pieds nus gisent sur le sol. Dans un coin, des médailles et des trophées s'entassent pour rappeler les exploits et les mérites des élèves.
Et des photos d'écoliers ornent un grand tableau en bois portant l'inscription : "nous aimons nos braves soldats". Dans un Pakistan en deuil, ce sont les yeux de la nation tout entière qui sont aujourd'hui rivés sur l'armée pour qu'une telle tragédie ne se reproduise plus jamais.
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