Les Etats-Unis ont annoncé mercredi un rapprochement spectaculaire et historique avec Cuba prévoyant le rétablissement des relations diplomatiques avec le régime communiste et l'allègement des sanctions économiques en place depuis plus d'un demi-siècle.
Le président américain Barack Obama devait s'exprimer en milieu de journée sur cette initiative majeure - et largement inattendue - qui devrait marquer son passage à la Maison Blanche.
Son homologue cubain Raul Castro devait prendre la parole au même moment depuis La Havane. Les deux dirigeants se sont parlé pendant près d'une heure par téléphone mardi, selon un responsable américain qui précisé que Fidel Castro, qui a cédé la place à son frère en 2006, n'avait pas été impliqué dans les discussions.
Selon une source américaine, le pape François a joué un rôle crucial dans le rapprochement entre les deux pays, séparés seulement par les 150 km du détroit de Floride et qui n'ont plus de relations diplomatiques officielles depuis 1961. Le pape a ainsi lancé un appel personnel à M. Obama, dans une lettre cet été, et séparément à M. Castro, et le Vatican a accueilli des délégations des deux pays pour finaliser le rapprochement.
"Il est clair que des décennies d'isolement de Cuba par les Etats-Unis n'ont pas permis d'atteindre notre objectif d'un Cuba démocratique, prospère et stable", a souligné un responsable américain, jugeant qu'il n'était pas dans l'intérêt des Américains ni des Cubains de pousser ce pays "vers l'effondrement".
M. Obama a demandé au secrétaire d'Etat John Kerry d'entamer "immédiatement" des discussions en vue du rétablissement des relations diplomatiques, interrompues depuis 1961. Les Etats-Unis ont annoncé l'ouverture d'une ambassade à La Havane "dans les mois à venir".
Cette annonce historique intervient quelques heures après celle de la libération d'Alan Gross, un Américain détenu depuis 5 ans à La Havane. M. Gross, 65 ans, était en route mercredi matin pour les Etats-Unis, selon responsable américain.
Washington a toujours conditionné une détente avec Cuba à la libération de cet ancien contractuel de l'agence fédérale américaine pour le développement international (USAID), une branche du département d'Etat.
Arrêté le 3 décembre 2009 à Cuba, Alan Gross avait été condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir introduit du matériel de transmission satellitaire interdit dans l'île communiste.
Selon un autre responsable américain, il a été libéré dans le cadre d'un échange plus large d'un espion américain détenu à Cuba depuis 20 ans et de trois Cubains écroués aux Etats-Unis. Membres du +groupe des Cinq+, ces derniers ont été condamnés en 2001 à de lourdes peines de prison pour espionnage et sont considérés à Cuba comme des "héros de la lutte antiterroriste".
Toujours selon la même source, Cuba a par ailleurs libéré 53 prisonniers politiques.
- "Poignée de mains" -
A l'occasion de la crise d'Ebola et de la coopération internationale sur cette question de santé publique, les Etats-Unis et Cuba ont multiplié en octobre les échanges d'amabilités. En dépit de ses difficultés économiques et de ses moyens modestes, Cuba s'est en effet projeté à l'avant-scène de la lutte contre le virus en Afrique de l'Ouest.
Fait rare, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a même salué la démarche du régim communiste. Le lendemain, l'ex-président cubain Fidel Castro, éternel contempteur du voisin honni, avait déclaré que son pays "collaborerait avec plaisir avec le personnel américain" pour lutter contre Ebola.
Quelques signes de détente sont apparus ces dernières années. Le président Raul Castro, qui a succédé à son frère depuis 2006, a mis un frein aux diatribes anti-américaines, alors que son homologue Barack Obama a assoupli les règles qui s'appliquent aux voyages vers l'île communiste.
En décembre 2013, Barack Obama et Raul Castro avaient échangé une poignée de mains à Johannesburg à l'occasion d'une cérémonie d'hommage à l'ancien président sud-africain Nelson Mandela.
La publication, il y a quelques mois, d'un éditorial du New York Times intitulé "Il est temps d'en finir avec l'embargo contre Cuba", avait été jugé "d'une grande habileté" par Fidel Castro.
Mais Washington avait maintenu jusqu'à ce jour une ligne ferme envers La Havane.
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