Les talibans pakistanais ont perpétré mardi la plus sanglante attaque terroriste de l'histoire du pays dans une école d'enfants de militaires, tuant 141 personnes dont 132 écoliers, pour se venger des récentes offensives de l'armée dans leurs bastions.
L'assaut de Peshawar (nord-ouest), qui s'est achevé après plus de sept heures de combat avec la mort des six assaillants, a tenu en haleine le pays, glacé par les récits de survivants racontant comment les talibans passaient de classe en classe en abattant à la chaîne des enfants parfois âgés d'à peine 12 ans.
Il a provoqué une vague de condamnations internationales, de l'ONU aux grandes puissances occidentales et à l'Inde, traditionnel rivale du Pakistan, en passant par la jeune militante pakistanaise pour l'éducation Malala Yousafzaï, nouveau Nobel de la paix originaire de cette région.
Le président des Etats-Unis Barack Obama a dénoncé une attaque "terrifiante" et "odieuse" et souligné l'engagement des Etats-Unis aux côtés du gouvernement pakistanais "pour combattre le terrorisme et l'extrémisme" et promouvoir la paix et la stabilité dans la région.
L'attaque a été revendiquée par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), principal groupe rebelle islamiste du pays et auteur de l'attaque contre Malala en 2012, qui a montré sa capacité à pouvoir faire couler le sang en dépit des récentes offensives militaires qui l'ont affaibli.
Islamabad a en retour réaffirmé sa détermination à éliminer ce groupe dont les attaques ont tué plus de 7.000 personnes dans le pays depuis 2007, notamment dans le nord-ouest et à Peshawar.
L'assaut a débuté vers 10H30 locales (05H30 GMT) lorsque six talibans déguisés en militaires ont pris d'assaut l'école, située dans les faubourgs de la ville.
Près de 500 élèves, la plupart âgés de 10 à 20 ans, étaient alors présents dans cet établissement choisi par le TTP car "les enfants de plusieurs hauts gradés de l'armée y étudient", a expliqué à l'AFP Muhammad Khurasani, un porte-parole taliban.
- Le cauchemar des 'bottes noires' -
Selon des témoins, les assaillants sont passés de classe en classe pour abattre les enfants. Sur son lit d'hôpital, l'un des survivants, Shahrukh Khan, 16 ans, en a livré un récit glaçant, racontant comment les talibans traquaient les enfants jusque sous les bancs pour les tuer.
Couché sur le sol, il gardera longtemps en mémoire l'image de ce taliban "aux grosses bottes noires" qui criblait de balles les étudiants, et comment il s'est tordu de douleur mais retenu de crier lorsqu'il en reçu deux aux jambes, faisant le mort. Après avoir longtemps "attendu d'être fusillé, les yeux fermés", il perdra connaissance mais se réveillera à l'hôpital, miraculé.
Selon l'armée, les assaillants, tous munis de vestes garnies d'explosifs, de munitions et vivres pour plusieurs jours, "n'avaient aucune intention de faire des otages" car ils ont "tiré de manière aléatoire (sur les gens) dès leur entrée dans l'école". Elle a également évoqué la possibilité que des assaillants aient été des Arabes ou Ouzbeks, suggérant une participation de combattants étrangers de la mouvance Al-Qaïda aux côtés de ceux du TTP.
Les forces de sécurité ont peu à peu repris le contrôle de l'école à mesure que les talibans étaient tués ou se faisaient exploser, avant d'annoncer la fin de l'attaque et la mort des six talibans peu avant 18H30 locales (13H30 GMT).
Le bilan est effroyable: hors assaillants, l'attaque a fait 141 morts, dont 132 enfants, et 124 blessés dont 121 enfants, a annoncé dans la soirée le porte-parole de l'armée, le général Asim Bajwa. Un triste record qui surpasse celui de l'attentat qui avait fait 139 morts en octobre 2007 à Karachi (sud) lors du retour au pays de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto.
- 'Ces enfants étaient mes enfants' -
L'hôpital public Lady Reading de Peshawar était assailli par des parents noyés dans un inconsolable chagrin en voyant arriver les dépouilles de leurs enfants aux uniformes trempés de sang.
"ô Dieu, pourquoi m'as-tu enlevé mon fils? Quel péché ai-je donc commis?", pleurait Irshadah Bibi, 40 ans et mère d'un garçon de 12 ans tué dans l'attaque, en se frappant le visage de chagrin. Les premiers enterrements ont eu lieu dans la soirée.
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