L'Assemblée nationale a adopté mardi en première lecture la réforme de l'asile, qui vise à raccourcir les procédures, au lendemain d'un discours clé de François Hollande sur l'apport de l'immigration.
Le projet de loi a été approuvé à 324 voix (socialistes, radicaux de gauche et une grande majorité des UDI) contre 188 (UMP, FN) et 29 abstentions, celles des écologistes et du Front de gauche qui jugent le texte peu ambitieux.
Le chef de l'Etat tablait sur une "large majorité" pour concrétiser une de ses promesses de campagne, la réduction des délais d'examen des demandes.
"L?asile, c?est un droit constitutionnel, qui fait partie de l?identité même de la France", avait-il déclaré lundi à la Cité de l'histoire de l'immigration, dans un discours fustigeant ceux qui agitent la peur d'une "dislocation" de la France et vantant de façon générale l'apport des immigrés à la République.
Manuel Valls, qui avait préparé ce projet de loi sur l'asile lorsqu'il était place Beauvau, a insisté mardi sur la "politique à la fois ferme et humaine sur les questions d'immigration" menée depuis deux ans et demi, et appelé la droite à ne pas "abandonner" un "discours républicain".
L'UMP est "viscéralement attachée à ce principe fondamental" de l'asile mais "sa vocation a été dévoyée" et il est devenu une "machine à légaliser des clandestins", a lancé Eric Ciotti au nom de son groupe, taxant le gouvernement "d'aveuglement idéologique" et dénonçant un texte "au mieux inefficace, au pire dangereux".
Dans un contexte de crises internationales multiples, les demandes ont quasiment doublé depuis 2007, atteignant 66.000 en 2013, mais autour de 63.000 cette année. Les trois quarts sont rejetées. La France se situe au troisième rang des pays européens destinataires de demandes d'asile, derrière l'Allemagne, où des manifestations contre cet afflux sont organisées, et la Suède.
- 'Pas de grand remplacement' -
"Il n'y a pas de +grand remplacement+, il y a un grand enrichissement" grâce à l'immigration, a considéré la rapporteure Sandrine Mazetier (PS), en écho aux débats la semaine dernière dans l'hémicycle, où la théorie de l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus d'un "remplacement" de la population blanche et chrétienne par des musulmans d'Afrique ou du Maghreb a pu occuper des esprits à l'UMP et au FN.
Ce texte a été l'occasion pour le principal groupe d'opposition de fourbir ses armes en vue de l'examen au printemps 2015 du projet de loi sur l'immigration, qui prévoit des titres de séjours pluriannuels.
"Loin des postures et des anathèmes, fidèles à notre tradition républicaine", les élus centristes de l'UDI ont en revanche soutenu le projet de loi sur l'asile, qui transpose les directives européennes du "paquet asile" de 2013 et doit permettre ainsi de ramener le délai d'examen des dossiers de demandes de deux ans actuellement à neuf mois en 2017.
Les écologistes et députés du Front de gauche, qui avaient pourtant un a priori favorable, ont critiqué "une transposition a minima" de ces directives alors qu'il était possible selon eux d'aller au-delà dans la protection des demandeurs.
"Il y a plus une volonté de gérer les flux que d'élargir le droit d'asile", a lancé Noël Mamère (EELV). Son groupe déplore notamment que l'accès au marché du travail, un ajout de l'Assemblée au texte gouvernemental, ne soit possible qu'au bout de neuf mois.
Le chef de file des députés Front de gauche, André Chassaigne, a jugé que cette réforme "ne dissipe pas la suspicion" à l'égard des demandeurs d'asile qui doivent faire face à un "parcours du combattant". Il a notamment critiqué "l'hébergement directif" mis en place pour une meilleure répartition sur le territoire, qui inquiète aussi les associations.
Les allocations seront supprimées pour les étrangers qui refuseraient de se rendre dans un lieu donné.
Les socialistes et radicaux de gauche ont au contraire vanté un texte "équilibré", qui doit maintenant être examiné au Sénat, en procédure accélérée.
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