"L'un des talibans a crié: +il y a un tas d'enfants cachés sous les bancs, allez les chercher" pour les exécuter, raconte, encore horrifié, un jeune rescapé de l'attaque d'un commando islamiste contre une école pakistanaise qui a fait plus de 130 morts.
Alité à l'hôpital Lady Reading de Peshawar, métropole du nord-ouest pakistanais, Shahrukh Khan, 16 ans, assistait à une formation sur les choix de carrière dans l'auditorium de son école, fréquentée par des jeunes de 10 à 20 ans, lorsqu'un commando de talibans vêtus comme des paramilitaires a fait irruption mardi matin.
"Quelqu'un a aussitôt crié de nous coucher par terre et de nous cacher sous les pupitres", souffle-t-il, traumatisé par l'attaque, l'une des plus sanglantes de l'histoire du Pakistan, pays pourtant abonné aux attentats islamistes.
Les insurgés ont ensuite crié "Allahou Akbar" (Dieu est grand, ndlr) avant d'ouvrir le feu sur les enfants. "Puis, l'un des talibans a crié: +il y a un tas d'enfants cachés sous les bancs, allez les chercher", pour les tuer, témoigne-t-il à l'AFP.
Couché au sol en faisant semblant d'être mort, Shahrukh, un géant de près de deux mètres, a vu des bottes noires se rapprocher de lui, un taliban traquant les étudiants sous les bancs. Puis, un insurgé lui a tiré des balles dans les deux jambes, juste au dessus des genoux. L'adolescent s'est mordu de douleur.
"J'ai retroussé ma cravate, et l'ai mise dans ma bouche pour ne pas crier. L'homme aux grosses bottes, lui, continuait de cribler de balles les étudiants. Et moi, j'étais étendu sur le sol, les yeux fermés, attendant d'être à nouveau fusillé", confie-t-il.
"Mon corps tremblait, j'ai vu la mort de si près, je n'oublierai jamais ces grosses bottes noires, c'était comme si c'était la mort elle-même me traquait", dit-il encore tremblant.
Les talibans du TTP, en lutte depuis plus de sept ans contre le gouvernement pakistanais et responsables de la tentative de meurtre contre la jeune Malala, ont affirmé avoir lancé cette attaque contre l'Ecole publique de l'armée pour "faire vivre" leur "souffrance" aux soldats pakistanais.
L'armée pakistanaise a lancé en juin une vaste opération contre les sanctuaires talibans et de groupes liés à Al-Qaïda dans les zones tribales du nord-ouest, frontalières de l'Afghanistan, déjà bombardées depuis une décennie par les drones américains.
Après avoir tué au moins 130 personnes, le commando a quitté l'auditorium de cet établissement fréquenté par des enfants de militaires, mais aussi de civils. Après leur départ, "je suis resté couché au sol quelques minutes. Puis, j'ai tenté de me lever mais je suis aussitôt retombé à cause de mes blessures", dit Shahrukh, son père, un commerçant, le consolant.
"J'ai rampé jusque dans la salle de classe à côté. C'était horrible! L'assistante de bureau était là, assise sur sa chaise, le corps ruisselant de sang et qui brûlait".
"Lorsque j'ai repris mes esprits, j'étais couché dans un lit", à l'hôpital Lady Reading, où le personnel médical a appelé la population à donner d'urgence du sang pour tenter de sauver des blessés.
En début de soirée, la police a annoncé la mort de tous les assaillants.
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