La semaine s'annonce déterminante pour la CGT et son numéro un, Thierry Lepaon, sur la sellette depuis les révélations sur son train de vie, qui doit répondre lundi aux cadres dirigeants du syndicat, nombreux à réclamer sa démission.
Les secrétaires des fédérations et des unions départementales sont réunis lundi au siège à Montreuil, avec pour seul ordre du jour la crise qui ébranle le premier syndicat français.
Ils doivent préparer le Comité confédéral national (CCN), le "parlement" de la CGT, prévu le 13 janvier, seul habilité à révoquer le numéro un.
Jusqu'à cette réunion, les statuts protègent Thierry Lepaon, qui a succédé à Bernard Thibault en mars 2013. Il pourra, lundi, mesurer les soutiens qui lui restent.
Les débats s'annoncent houleux, plusieurs fédérations, parmi les plus puissantes, ayant déjà réclamé sa démission.
"La meilleure solution pour rassembler la CGT est la démission de Thierry dans les plus brefs délais", a voté dans une motion la fédération des services publics, la plus puissante de la centrale, avec plus de 80.000 adhérents revendiqués.
Elle lui donne jusqu'au 13 janvier pour en décider, prévenant que dans le cas contraire, elle serait "porteuse d'un mandat de révocation".
Même décision de la part de la fédération de la fonction publique (UGFF) qui affirme "la nécessité d'une cessation urgente des fonctions du secrétaire général".
Reconnaissant implicitement l'absence d'une personnalité consensuelle pour succéder à l'actuel numéro un, ces deux fédérations proposent la mise en place d'une "direction collégiale" sous le contrôle du "parlement".
La CGT garde en mémoire la douloureuse bataille pour la succession de Bernard Thibault en 2012. Et une partie de l'appareil redoute, en cas de départ de Thierry Lepaon, la réédition des divisions.
La fédération de la santé - la deuxième de la CGT - "se prononcera le 12 janvier", a dit sa secrétaire générale, Nathalie Gamiochi.
Début décembre, c'est le syndicat CGT des journalistes qui avait demandé au numéro un de partir, en dénonçant de "profonds dysfonctionnements". D'autres unions locales se sont prononcées pour la convocation d'un Congrès en 2015.
- 'Que Thierry puisse s'exprimer' -
Le secrétaire général est fragilisé depuis les révélations de la presse sur le coût des travaux réalisés dans son appartement de fonction et dans son bureau, à Montreuil. L'annonce d'une prime de 31.000 euros versée à son départ de la CGT Normandie a suscité l'indignation.
Déterminé à sauver son fauteuil, Thierry Lepaon s'était déjà expliqué devant le bureau confédéral, puis devant la cinquantaine de membres de la commission exécutive la semaine dernière.
Là, il a annoncé la démission de l'administrateur-trésorier, Eric Lafont, qui avait validé les travaux et a, aux yeux de beaucoup, servi de fusible.
Lundi, à son arrivée à Montreuil, Céline Verzeletti, membre de la Commission exécutive a affirmé à l' AFP que la réunion avait pour but de donner à chacun "le même niveau d'information" sur le travail de la commission financière chargée du contrôle des dépenses du numéro un, et aussi "pour que Thierry puisse s'exprimer".
"Je suis agent de maîtrise et je gagne ce que gagne Thierry Lepaon, est-ce que c'est scandaleux ? Mon patron gagne 100 fois plus, et vous n'en parlez pas", s'est agacé un militant devant le siège de la centrale.
Le recul du premier syndicat français dans de récentes élections professionnelles a renforcé les tensions internes. Dans la fonction publique, elle reste en première position mais a perdu 2,3 points. Chez Orange, elle a été reléguée en deuxième position par la CFDT. La CGT a aussi baissé à la Poste, à la SNCF et à la RATP.
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