Paula (Louane Emera, la révélation du film, découverte dans le télécrochet "The Voice") a 16 ans. Au lycée, elle a une grande copine, Mathilde, bien plus dessalée qu'elle, et soupire devant Gabriel, le beau gosse de l'école. A la ferme, elle seconde ses parents et se chamaille avec son frère.
A la chorale où elle s'est inscrite pour suivre Gabriel, son prof, Thomasson (un génial Eric Elmosnino), lui découvre un don exceptionnel pour le chant. Et la convainc de préparer un célèbre concours de musique, elle devra quitter la ferme pour Paris...
Eric Lartigau, le réalisateur, travaillait sur le thème de la famille, lorsque ses producteurs lui ont soumis un scénario de Victoria Bedos, fille de Guy. "Ca m'a tout de suite plu car ça parlait de la famille, de la séparation et de l'adolescence avec ce qu'elle a de gauche et d'envie de liberté", dit-il à l'AFP.
Comme dans "Prête-moi ta main", la comédie à succès de 2006 du même cinéaste, la famille du personnage central est aimante... mais pesante. La mère et les cinq soeurs de Luis (Alain Chabat) voulaient absolument le caser. Dans "La famille Bélier", les parents (Karin Viard et François Damiens) ont donné à Paula des responsabilités d'adulte mais refusent que leur "bébé" s'émancipe.
- Les tubes de Sardou -
Comme d'autres personnages des films du réalisateur ("Prête-moi...", "Mais qui a tué Pamela Rose?", "L'homme qui voulait vivre sa vie"...), Paula "essaye de trouver son identité. C'est ça qui est compliqué dans une famille: à quel moment s'autoriser à être soi-même?", explique Eric Lartigau. Que la jeune fille ait des parents sourds ne fait que renforcer la culpabilité de l'oisillon à quitter le nid.
Autour de Paula, le père, Rodolphe, s'est mis en tête de se présenter aux municipales. Une entreprise un peu folle embrassée aussitôt par la mère, Gigi, maîtresse femme, expansive et un peu trop curieuse des amours de sa fille. Le frère, Quentin (Luca Gelberg), sourd lui aussi, connait ses premiers émois dans les bras de Mathilde (Roxane Duran), la copine de Paula.
Et Thomasson. Un prof de musique qui réclame en vain depuis des années d'être affecté à Paris pour sortir enfin de "ce lycée de ploucs", en Mayenne. Foulard de soie au cou, l'exigence en bandoulière, il voue un culte à la variété française des années 70 et 80. Son idole? Michel Sardou, qu'il défend avec superbe face aux rires étouffés des ados de la chorale.
C'est l'un des tubes de Sardou (dont on ne révèlera pas le titre) qui a servi de fil conducteur au réalisateur et qu'entonne Paula devant le jury du concours.
Eric Elmosnino compose un Thomasson totalement sincère, dénué du moindre cynisme, drôlissime et profondément émouvant. Et Louane Emera, petite soeur provinciale de la Vic de la Boum, version 2014, crève l'écran par son naturel et sa joie de vivre.
Un thème fédérateur, de l'humour -parfois trash-, du rythme, une brochette d'acteurs épatants, "La famille Bélier", qui a enthousiasmé les exploitants de cinéma début octobre lors de leur congrés annuel, devrait sans peine remplir les salles.
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