Les services antiterroristes ont démantelé lundi une filière d'acheminement vers la Syrie de candidats au jihad, procédant à une dizaine d'interpellations, notamment dans la région de Toulouse, en Normandie et en région parisienne, a-t-on appris de sources policières.
Les interpellations ont été conduites par la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire française et des hommes du Raid (unité d'élite de la police), assistés d'importantes autres forces de police.
Entre 10 et 15 objectifs étaient ciblés, à l'issue d'une enquête qui a duré plusieurs mois à l'initiative de la SDAT, mise sur la piste de cette filière par des "renseignements" ayant signalé un possible départ en Syrie.
La police pense que des départs ont déjà été organisés et que plusieurs autres étaient en cours. On parle à cet égard, selon les premiers éléments de l'enquête, de la "filière du Tarn", qui se montrait très discrète, prudente et active, au point d'avoir des ramifications dans toute la France et de s'être déployée en conséquence.
Le nombre exact et le profil des personnes interpellées n 'étaient pas encore connus lundi matin.
La France a été en 2014 confrontée à une explosion du nombre d'apprentis-jihadistes partant pour la Syrie et l'Irak, avec en corollaire l'angoissante question de leur retour et d'une éventuelle action terroriste sur son sol.
Le nombre de candidats au jihad syrien a bondi de plus de 80% depuis début janvier, selon de récentes déclarations du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Ils seraient actuellement, selon les estimations officielles, près de 400 sur place, plus de 200 ont manifesté des velléités de départ et environ 120 sont déjà revenus, avec près de 200 en transit et une cinquantaine de morts.
- "L'appel du jihad" -
Le procureur de Paris indiquait en novembre que plus de 1.100 Français étaient impliqués à des degrés divers dans les filières jihadistes.
Parmi eux, un visage a marqué le pays: celui de Maxime Hauchard, 22 ans, décrit par ses voisins du petit village normand de Basc-Roger-en-Roumois comme "un gentil garçon", "sans problème", qui est apparu, en novembre, dans les rangs des égorgeurs de soldats syriens fidèles au régime de Damas dans une sanglante vidéo.
Comme lui, ils sont des dizaines de convertis (20% du total) à avoir répondu à "l'appel du jihad", qui touche des jeunes gens mais aussi des adolescentes, des ruraux, des urbains, parfois des familles entières.
Malgré l'une des législations les plus répressives du monde, encore durcie en novembre avec la possibilité de confisquer son passeport à un suspect, la vague de départs continue.
Fin avril dernier, dans le cadre d'un plan antijihad, un numéro vert (08.00.00.56.96) a été mis à la disposition des familles et des proches de jeunes radicalisés afin qu'ils puissent prévenir les services de police de leurs doutes, d'un départ ou d'un départ imminent.
Selon un bilan établi début novembre, 625 signalements "pertinents et avérés" avaient été recensés, ayant permis d'éviter, selon le ministre de l'Intérieur, 70 ou 80 départs pour la Syrie.
En tout, environ 3.000 personnes sont parties d'Europe pour mener le jihad en Syrie et en Irak, un chiffre également en forte hausse ces derniers mois, indiquait fin septembre le coordinateur européen pour la lutte antiterroriste.
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