Fâchés contre la "concurrence déloyale" du géant américain Uber, des chauffeurs de taxi ont commencé à se rassembler lundi matin aux abords de Paris, un mouvement qui pourrait fortement perturber le trafic vers la capitale même s'il n'est pas soutenu par les principales fédérations.
A Roissy Charles-de-Gaulle, les grévistes se sont donné rendez-vous sur la base arrière des taxis, près du terminal 3. Une cinquantaine de taxis étaient présents aux alentours de 06H30, selon un journaliste de l'AFP.
A Orly, quelques véhicules stationnés en tête des stations taxis bloquaient la prise en charge des clients. Selon des sources aéroportuaires, le mouvement s'annonce "moins suivi" que lors des précédentes manifestations contre les VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur).
"On sait que ça va créer le bazar, mais on n'a pas le choix, on n'est pas entendu", a assuré Michaël Mouly, venu "défendre son steak" avec les grévistes de Roissy.
Les cortèges, rassemblés à l'appel de Taxis de France, du Collectif des taxis parisiens et de l'Association française des taxis, devaient quitter les aéroports parisiens vers 07H00 pour converger jusqu'aux abords de la place Vauban, dans le 7e arrondissement, avec une dispersion prévue à 17H00, selon la préfecture de police.
"Des répercussions importantes sont prévisibles sur l'ensemble du secteur autoroutier de la région parisienne", a-t-elle prévenu dimanche, conseillant aux automobilistes d'éviter les itinéraires empruntés par les taxis et le secteur de la place Vauban.
Ce nouvel épisode dans la guerre des taxis fait suite au refus vendredi du tribunal de commerce de Paris d'interdire le populaire mais controversé service UberPOP. Le tribunal a estimé ne pas pouvoir se prononcer car des décrets d'application de la loi Thévenoud encadrant l'activité des VTC et taxis n'avaient pas été publiés.
UberPOP, qui met en relation des passagers et des automobilistes qui ne sont pas chauffeurs professionnels, a été ajouté en février à l'offre commerciale parisienne d'Uber, plateforme électronique disponible sur smartphone qui sert d'intermédiaire entre clients et chauffeurs de VTC.
"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", s'est insurgé le président de Taxis de France, Ibrahima Sylla.
"C'est un combat contre tout Uber. C'est un ras-le-bol, on n'en peut plus. Autoriser UberPOP, c'est mettre 57.000 taxis français sur le carreau, et donc 57.000 familles. Et ça, c'est hors de question, on ne se laissera pas faire", a dénoncé M. Sylla.
- Uber sur la sellette à l'étranger -
La décision du tribunal est d'autant plus incomprise que Uber est sur la sellette dans d'autres pays.
UberPOP a été interdit par un juge en Espagne pour concurrence déloyale, au lendemain d'une décision identique aux Pays-Bas et de l'interdiction à New Delhi de toutes les sociétés de voiturage utilisant une application mobile.
En Europe, les autorités danoises et norvégiennes ont déposé plainte contre la société présente dans plus de 250 villes et 50 pays, et celles de la région de Bruxelles ont l'intention de saisir la justice.
Des opérations escargot ont déjà été menées en France depuis le début de l'année contre les VTC, et particulièrement Uber, l'une d'elles ayant été marquée en janvier par des débordements et dégradations à Paris.
Mais cette fois, l'intersyndicale n'a pas rallié le mouvement, même si elle est favorable aussi à l'interdiction d'Uber.
"Nous ne voulons pas déranger les gens à l'approche de Noël", a expliqué Nordine Dahmane (FO), membre de l'intersyndicale CFDT, CGT, FO SDCTP et CST. Celle-ci se réunira lundi à 16H00 pour décider d'une éventuelle action nationale en janvier.
La Fédération nationale du taxi (FNDT), "bien que comprenant l?exaspération de certains chauffeurs de taxi", n?a pas appelé à la manifestation de lundi, laissant à ses adhérents et sympathisants le choix de la rejoindre ou pas.
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