Des associations de taxis menacent de bloquer les accès à Paris dès potron-minet lundi pour dénoncer la concurrence déloyale du géant du véhicule de tourisme avec chauffeur Uber, mais l'ampleur de la mobilisation reste incertaine en l'absence du ralliement des principales fédérations.
Ce nouvel épisode dans la guerre des taxis fait suite au refus vendredi du tribunal de commerce de Paris d'interdire le populaire mais controversé service UberPOP, qui permet de mettre en relation des passagers et des automobilistes qui ne sont pas chauffeurs professionnels.
Ce service entre particuliers a été ajouté en février à l'offre commerciale parisienne d'Uber, plateforme électronique disponible sur smartphone qui sert d'intermédiaire entre clients et chauffeurs de VTC.
"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", s'est insurgé le président de Taxis de France, Ibrahima Sylla, interrogé par l'AFP.
Son association, comme le Collectif des taxis parisiens (CTP) et l'Association française des taxis (AFT), a appelé à "réagir avec ferveur et fermeté à cette injustice".
Dans un appel à leurs centaines d'adhérents, ils proposent "une grande mobilisation" à partir de lundi 05H00 autour des aéroports de Roissy, en direction du nord et de l'est de Paris et au départ d'Orly, vers l'entrée sud de la capitale, ainsi qu'à l'ouest par la Porte de Saint-Cloud.
"C'est un combat contre tout Uber. C'est un ras-le-bol, on n'en peut plus. Autoriser UberPOP, c'est mettre 57.000 taxis français sur le carreau, et donc 57.000 familles. Et ça, c'est hors de question, on ne se laissera pas faire", a dénoncé M. Sylla.
"Il s'agit de dire non à l'injustice, non au travail illégal", a annoncé de son côté la fédération des taxis indépendants parisiens (FTI75) sur sa page Facebook.
- Une action en janvier? -
La décision du tribunal de commerce de Paris est d'autant plus incomprise que la société californienne Uber est sur la sellette dans d'autres pays.
UberPOP a été interdit mardi par un juge en Espagne, qui a estimé qu'il s'agissait de concurrence déloyale, au lendemain d'une décision identique aux Pays-Bas.
Egalement lundi, New Delhi a interdit à toutes les sociétés de voiturage utilisant une application mobile d'opérer dans la capitale indienne, après la mise en cause d'un chauffeur d'Uber dans une affaire de viol. La Thaïlande a également jugé Uber illégal.
En Europe, les autorités danoises et norvégiennes ont déposé plainte contre la société présente dans plus de 250 villes et 50 pays, et celles de la région de Bruxelles ont l'intention de saisir la justice.
La société a également connu des déboires en Allemagne, où la justice l'avait prohibé, avant de revenir sur sa décision.
Plusieurs opérations escargot ont déjà été menées en France depuis le début de l'année pour dénoncer la concurrence des VTC, et particulièrement celle d'Uber, l'une d'elles ayant été marquée en janvier par des débordements et dégradations à Paris.
Mais cette fois, l'intersyndicale des chauffeurs a choisi de ne pas se joindre au mouvement, même si elle se prononce elle aussi pour l'interdiction d'Uber.
"Nous ne voulons pas déranger les gens à l'approche de Noël", a expliqué Nordine Dahmane, représentant FO et membre de l'intersyndicale CFDT, CGT, FO, SDCTP et CST.
"C'est au gouvernement d'interdire ce travail au noir", a-t-il ajouté, précisant que des décrets d'application de la loi Thévenoud encadrant l'activité des VTC étaient en cours de rédaction.
L'intersyndicale doit se réunir lundi à 16H00 pour décider d'un éventuel mouvement en janvier, qu'elle espère d'ampleur nationale.
Même son de cloche à la Fédération nationale du taxi (FNDT). "Je comprends la déception des chauffeurs, mais nous n'avons pas lancé d'appel à la mobilisation () Il s'agit d'un mouvement spontané, pas encadré", a expliqué son président Didier Hogrel, précisant qu'une réunion mercredi étudiera l'opportunité de mener une action.
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