"Anesthésiés", "KO debout": les proches des 29 personnes mortes lors de la tempête Xynthia en Vendée ont peiné à trouver les mots pour exprimer leur soulagement après les très sévères condamnations à des peines de prison ferme des anciens élus de La Faute-sur-Mer.
Après avoir dîné ensemble jeudi, les familles des disparus étaient pour la plupart arrivées "sereines", "tranquilles" vendredi matin au centre des congrès des Sables-d'Olonne pour entendre la décision du tribunal correctionnel, huit semaines après la fin du procès et près de cinq ans après le drame.
Certaines d'entre elles avaient sorti des cahiers, des carnets pour prendre des notes.
A mesure que le président du tribunal accable l'ancien maire René Marratier - "qui n'ignorait rien" du risque grave menaçant ses administrés, "qui passera une journée ordinaire" le jour de la tempête - les visages sur les bancs des parties civiles se tendent, certains se redressent, des mains se tordent. A la barre, les quatre prévenus sont placés côte à côte, très raides, comme figés.
"Et quand on a entendu le président parler de +faute caractérisée+, alors là, on a compris que cette fois, il allait y avoir une vraie reconnaissance", raconte Mireille Guillet, une partie civile.
Elle s'est dite "anesthésiée mais soulagée" par la décision du tribunal, qui a suscité une énorme émotion chez les victimes, étonnées d'une telle sévérité envers les prévenus.
"On ne réalise pas pour l'instant, on ne réalise pas !", répète-t-elle, se disant "soulagée" qu'elle et sa mère, décédée pendant la tempête, soient "reconnues en tant que victimes".
Autour, les autres familles tardent à quitter la salle d'audience, discutent entre les chaises, téléphonent, s'étreignent, se prennent par les épaules, essuient leurs larmes.
"Ah moi j'étais KO debout" pendant l'énoncé du délibéré, entend-on. "J'étais toute tremblante comme ça", raconte une femme devant un petit groupe, en agitant fébrilement ses mains. Au téléphone, une autre cherche ses mots: "Attends, là, on est tous KO debout".
- 'Un après Xynthia' -
"Il y a tellement d'histoire humaine dans tout cela", explique à l'AFP François Anil, l'une des parties civiles, avant de s'interrompre, ému aux larmes. "J'avais confiance dans la justice de notre pays, la justice fonctionne, je retiens que la souffrance des familles a été reconnue", reprend-il.
"C'était sévère, je ne m'attendais pas à ça, on reconnaît que le drame aurait pu être évité, je pensais que la peine serait diminuée", affirme encore incrédule Lise Goldberg, qui a perdu ses parents, avant d'aller remercier son avocate, Me Corinne Lepage.
"C'est une émotion incroyable. Ils ont été reconnus victimes", commente cette dernière, "impressionnée par la sévérité dans l'analyse juridique, avant même la sévérité des peines".
"On n'est jamais content que quelqu'un aille en prison (?). La justice est passée et on ne jugera pas la justice", affirme pour sa part Françoise Beauget, une autre partie civile. "On ne peut pas appeler ça un soulagement, ça ne ramènera pas nos proches", nuance-t-elle.
"J'espère que ça va servir de leçon et que les maires vont prendre conscience qu'on ne peut pas faire n'importe quoi pour l'argent. Il y aura un après Xynthia", estime son époux, Daniel Beauget, qui a perdu ses parents lors de la tempête.
L'ex-maire de La Faute, René Marratier, visiblement sonné par le délibéré, s'est dit "atterré" de cette décision "injuste", avant de quitter rapidement la salle pour aller faire appel immédiatement avec ses avocats.
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