Pour remuscler sa marque phare Gucci en perte de vitesse, le groupe de luxe Kering a annoncé vendredi le remplacement du PDG Patrizio di Marco par l'Italien Marco Bizzarri, qui chapeauteait déjà une partie des activités luxe de Kering.
La directrice de la création Frida Giannini, compagne de M. di Marco, s'en ira elle aussi, mais un peu après le PDG: lui au 1er janvier, elle fin février après la présentation de la collection Femme Automne/Hiver.
C'est un changement d'ère à la tête d'une des plus grandes marques de luxe au monde, qui a généré 3,56 milliards d'euros de ventes l'an dernier mais dont la croissance s'est nettement tassée en 2013 (+2,2% à périmètre comparable), reculant même en 2014.
Dans une note, le courtier Mirabaud évoque "une révolution de la marque, qui perd un de ses meilleurs dirigeants, tout comme une directrice de la création qui a joué un rôle clé dans la définition de l'évolution créative du groupe".
Depuis des mois, des experts du secteur s'interrogeaient sur la stratégie de montée en gamme mise en ?uvre par Patrizio di Marco après son arrivée début 2009.
La marge de Gucci reste très belle (31,7%) mais le résultat opérationnel n'a que faiblement progressé l'an dernier. Un problème car Gucci assure environ les deux-tiers du bénéfice opérationnel de Kering, qui détient aussi Bottega Veneta, Saint Laurent, Balenciaga, Puma.
Selon Kering, Patrizio di Marco a su "relancer avec brio" la marque Gucci et la stratégie de montée en gamme qu'il a initiée "a été essentielle pour reconquérir une clientèle plus sophistiquée" et "gagner des parts de marché sur le segment haut de gamme".
Une stratégie qui sera "poursuivie" mais "c'est le moment pour Gucci d'entrer dans une nouvelle phase de développement", a expliqué une porte-parole de Kering interrogée par l'AFP.
Si le groupe remplace le PDG de Gucci, c'est "pour donner une nouvelle impulsion à la marque et lui permettre d'accélérer son développement", a-t-elle expliqué.
Pour Serge Carreira, maître de conférences à Sciences po sur la mode et le luxe, "cette annonce traduit, dans un secteur qui évolue de façon profonde et rapide, un nouvel élan, une nouvelle stratégie, un changement qui était nécessaire".
"Des personnes ont su accompagner Gucci après Tom Ford, et c'est toujours aujourd'hui l'un des très gros acteurs du secteur. Mais comme toutes les autres grandes marques, elle doit s'adapter à un monde qui a beaucoup changé et à des consommateurs qui ont des envies nouvelles et contradictoires", a-t-il assuré à l'AFP, soulignant qu'il est "plus simple de porter un nouvel élan avec des nouvelles personnes".
A la mi-journée, le titre Kering chutait de 1,83% à 155,95 euros.
- Bizzarri directement rattaché à Pinault -
Kering argue que la montée en gamme a besoin de temps pour produire ses effets.
"On perd des volumes mais c'est volontaire. Il n'y a pas de problème Gucci", assurait M. Pinault en juin à l'AFP.
Toutefois, les analystes estiment que Louis Vuitton, qui monte en gamme aussi, s'en sort mieux.
Gucci a du mal à se distinguer au moment où l'arrivée récente du designer Nicolas Ghesquière chez son concurrent Louis Vuitton a redynamisé l'intérêt pour cette marque, notent-ils.
Dans le communiqué de Kering, M. Pinault remercie "chaleureusement" Patrizio di Marco, qui aura passé 6 ans à diriger Gucci et 13 ans au total chez Kering et réalisé "d'excellentes performances".
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