Le débat sur la réforme de l'asile à l'Assemblée, qui s'achève jeudi avant un vote global mardi, a permis à l'UMP de fourbir ses armes avant le prochain texte sur l'immigration, et confirmé un relatif consensus à gauche.
Le projet de loi vise à raccourcir les délais d'examen des demandes d'asile, de deux ans actuellement à neuf mois en 2017, face à un engorgement du système.
Le scrutin solennel mardi sur l'ensemble du projet de loi interviendra au lendemain d'un discours clé de François Hollande à la Cité de l'histoire de l'immigration à Paris, qui n'avait pas été inaugurée officiellement par son prédécesseur Nicolas Sarkozy à son ouverture en 2007.
Les sujets asile et immigration ont été disjoints en deux projets de loi par le gouvernement Valls - celui sur l'immigration doit être débattu au printemps 2015 - à la demande de parlementaires socialistes.
Mais l'UMP n'a eu de cesse de raccrocher les deux thèmes. "95% des déboutés (de l'asile) se maintiennent définitivement sur notre territoire, c?est donc un problème d?immigration illégale, que vous refusez de traiter à ce stade pour des raisons idéologiques", a lancé à la majorité Eric Ciotti, spécialiste de ces questions dans le principal groupe d'opposition.
Dans un contexte de crises internationales multiples, les demandes d'asile ont quasiment doublé depuis 2007 pour atteindre 66.000 l'an dernier, et devraient baisser à 63.000 cette année. Les trois quarts des demandes sont finalement rejetées.
"Il est déraisonnable de considérer comme une bulle juridique l'asile par rapport à l'immigration", abonde le député de Paris Pierre Lellouche, qui veut distinguer "les vrais réfugiés politiques" des demandes abusives.
- Sans grande passion -
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a dénoncé des "postures" et refusé le procès en "angélisme" fait à la gauche.
Avec Guillaume Larrivé, un proche du nouveau président de l'UMP Nicolas Sarkozy, une poignée de parlementaires a critiqué, mais sans grande passion, un projet gouvernemental qui ne fera qu'"aggraver les dysfonctionnements actuels". "Nous serons contraints, lorsque les Français vous auront signifié la fin de votre bail, de revenir" dessus, a lancé M. Ciotti avec 2017 en ligne de mire.
Des arguments identiques - "machine à légaliser des clandestins", "déferlement migratoire" - ont été repris par les deux députés FN Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard. Aux yeux du socialiste Gérard Sebaoun, l'écrivain "Renaud Camus trouve asile" à l'Assemblée, "sa théorie du grand remplacement" de la population blanche et chrétienne par des Musulmans d'Afrique ou du Maghreb par des immigrés est portée par des UMP et le FN, a-t-il tweeté.
Les centristes, qui pour leur part soutiennent globalement le projet gouvernemental, ont refusé de "jouer ce jeu" de confusion entre droit d'asile et droit des étrangers, selon leur porte-parole Arnaud Richard.
Malgré ce qui a été perçu comme des "slogans" de l'UMP, des députés de la majorité se sont félicités du débat "plus serein" qu'escompté. L'examen en 2015 du projet de loi sur l'immigration, qui doit notamment créer des titres de séjour pluriannuels, promet d'être autrement plus explosif en pleine année électorale.
Le projet de loi sur l'asile pourrait être voté mardi par l'ensemble de la gauche qui y voit des "avancées", malgré de fortes réserves des écologistes sur l'"hébergement directif" des demandeurs sur l'ensemble du territoire, ou les procédures accélérées.
Se distinguant au sein du groupe socialiste, Denys Robiliard, ancien président de la section française d'Amnesty International, a défendu des amendements afin que les demandeurs d'asile bénéficient "d'une justice dans la plénitude du terme", pas d'"une justice à l'économie".
L'Assemblée a apporté quelques retouches au texte (sur les droits des femmes, le statut des apatrides ou des points techniques de procédure pour davantage de protection) mais le projet de loi en est resté à ses arêtes, comme le souhaitait le gouvernement pour ne pas allonger le traitement des dossiers.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.