Guillerette, la mère s'approche du mythique homme rouge et blanc mais dans ses bras la petite fille au visage cramoisi pleure, terrifiée par ce grand barbu qui lui tend les bras. Ravir les enfants en costume de Père Noël n'est pas un emploi saisonnier comme les autres.
Le traineau, le sapin, les rennes (en peluche), les cadeaux, tout y est. A l'entrée n°2 du Géant d'Amiens Glisy, le Père Noël attend devant son chalet les mouflets emmitouflés dans leur doudoune qui arrivent dans le centre commercial.
Dix euros la petite photo, 25 euros les trois grandes. Dans le traineau, Jean-Marc Botte, un pompier de 67 ans. Onze ans qu'il "fait" le Père Noël, qu'il distribue "des baisers par centaines", qu'il assoit sur ses genoux les petits qui font risette devant l'objectif.
1,85 m, "entre 120 et 132 kilos", Jean-Marc sait qu'il a le physique "qui convient". Une vingtaine de minutes pour se changer, un peu de crayon blanc sur les sourcils, la perruque "Je tiens beaucoup à mon look".
A Paris, dans un quartier chic, c'est Marc Daquin, forain de 56 ans, qui enfile le costume le temps d'une soirée organisée par un comité de quartier.
Un habit à 750 euros: pantalon et veste de velours grenat avec fourrure, bottes en cuir, perruque, bonnet et vraie barbe "avec de vrais poils", tient à préciser l'intéressé.
"Un costume à cent euros, c'est horrible, c'est un sac, avec des sur-bottes et les baskets qui dépassent", explique-t-il, ôtant sa boucle d'oreille avant d'enfiler de petites lunettes dorées.
Clochette à la main, il sort discrètement de la pharmacie où il s'est changé et s'avance à la rencontre des enfants, sur un air de "Jingle Bells", une chaussette remplie de bonbons à la main.
- Sales gosses -
Pour la soirée, Marc prend 200 euros, quand d'autres comme Jean-Marc, sont payés au Smic.
"Je ne me pose pas la question sur son prix. Il est hyper dispo, il a un super déguisement et il a la tête de l'emploi!", déclare Ann-Laure Lachkar-Cohen, la présidente du comité de quartier.
Séance photo, ronde autour du sapin, et une armée de smartphones parentaux pour capturer l'instant. Après une heure et demie de "prestation", la sueur perle sur le peu de surface de peau entre le bonnet et la barbe qui remonte haut sous les yeux.
La chaleur, un des inconvénients du métier. Selon Jean-Marc, l'ancien sapeur-pompier, "tout le monde ne peut pas supporter". Pour Marc, il y a aussi "les sales gosses, de 13-14 ans, qui tirent sur la barbe".
Faire Père Noël exige des qualités précises: "Une fois, un directeur de magasin a cru bien faire en embauchant un comédien, mais il ne rentrait pas du tout dans l'habit du père Noël, pas de présence. Dans le mois, on a perdu 70% du chiffre d'affaires" se souvient Jean-Noël Gobeaut, un photographe qui travaille avec six pères Noël.
Il se dit lassé de passer des annonces où il ne peut demander explicitement à n'avoir que des hommes, âgés: "60% de réponses émanent de femmes qui n'ont pas compris". L'idéal: les retraités, "plus disponibles".
Même écho du côté de Sébastien Vergnes, d'Event photo agency, qui a recruté via le site leboncoin.fr: "j'ai reçu une majorité de candidatures de femmes! Si je les exclus ainsi que les jeunes, il ne me reste qu'un candidat!"
Au delà du physique, "il faut aimer les enfants", souligne Jean-Marc. "Ils veulent tous faire un tour avec moi pour distribuer les cadeaux, alors je leur dis +promis je t'inscris pour l'année prochaine+ et ils oublient"
"Quand les plus grands me disent à l'oreille +je ne crois plus au Père Noël+, je leur réponds tout bas +moi non plus+".
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