Les manifestants se sont vus sommés jeudi de quitter le principal site d'occupation du mouvement prodémocratie à Hong Kong ou de risquer l'arrestation, probable épilogue de semaines de blocages et de manifestations revendiquant l'instauration d'un véritable suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique.
Des huissiers de justice ont déjà fait retirer des barricades sur les pourtours du campement, un village de tentes installé depuis 11 semaines dans le quartier d'affaires d'Admiralty, près du siège du pouvoir du territoire passé sous tutelle chinoise. Mais quelques centaines de manifestants particulièrement remontés ont refusé de partir.
La police a déclaré qu'elle encerclerait le site après un court délai octroyé aux protestataires pour s'en aller volontairement. A la suite de quoi, "la police agira pour évacuer ou arrêtera quiconque refuse de partir", a averti un porte-parole, Kwok Pak-chung.
Sur décision de la Haute cour, saisie par des commerçants et des compagnies de transport en commun, les huissiers de justice se sont présentés peu après 09H00 (01H00 GMT) sur le campement où ils ont lu aux manifestants une injonction d'évacuation. Puis, les ouvriers ont commencé à démanteler les barricades aux abords du camp installé sur une autoroute à neuf voies, un des grands axes de circulation de l'île de Hong Kong dont le blocage perturbe fortement la mobilité des habitants.
Des milliers de personnes s'étaient réunies à Admiralty mercredi soir pour un ultime baroud d'honneur. Jeudi, bon nombre de manifestants avaient démonté leur tente et quitté les lieux mais quelques centaines de protestataires ont affiché leur intention de résister.
"Je ne suis pas fatigué. Je ne serai jamais fatigué, il n'y a que le gouvernement qui est fatigué", assurait Alice, une étudiante de 19 ans.
Une vingtaine de députés prodémocratie étaient également présents pour montrer leur soutien. "Ce n'est pas la fin du mouvement", a déclaré à l'AFP Claudia Mo. "Le réveil de la conscience politique de la jeunesse est irréversible et le combat continue", a ajouté la députée.après l
Le chef du gouvernement Leung Chun-ying a assuré que les forces de l'ordre feraient un "usage minimal" de la force.
Les manifestants ont toujours prôné la non-violence mais des heurts parfois violents, faisant des dizaines de blessés, se sont produits lors du démantèlement de précédentes barricades.
"Nous ne présenterons pas d'opposition, nous résisterons passivement", a indiqué le leader étudiant Alex Chow quelques heures avant l'ultimatum. "Nous respectons l'Etat de droit, nous ne sommes pas des émeutiers", a-t-il ajouté.
- 'Nous resterons divisés encore longtemps' -
Les autorités pourraient également faire évacuer un campement plus petit occupé à Causeway Bay, temple du shopping prisé par les Chinois du continent. Ce campement était quasiment à l'abandon jeudi matin, quelques rares touristes y déambulant en prenant des photos.
Depuis le pic de la contestation le 28 septembre, lorsque les manifestants étaient descendus dans la rue par dizaines de milliers, le nombre de protestataires a nettement diminué dans le territoire passé sous tutelle chinoise. Et le soutien au mouvement de l'opinion publique, lassée par les embouteillages et les perturbations, s'est érodé.
Territoire chinois bénéficiant d'une large autonomie, l'ancienne colonie britannique a connu avec ces manifestations sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997.
La Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017 mais exige que les candidats reçoivent l'aval d'un comité loyaliste, ce qui garantit, aux yeux des manifestants, l'élection d'un candidat inféodé à Pékin.
Pour l'éditorialiste du South China Morning Post, le quotidien anglophone de référence à Hong Kong, l'heure est désormais à la réconciliation entre les manifestants, les militants pro-Pékin qui n'ont pas hésité à faire le coup de poing, et les habitants affectés par les blocages.
"Commencez par vous réconcilier avec les personnes que vous aviez retirées de votre liste d'amis sur Facebook", écrivait-il dans l'édition de jeudi. "Nous resterons divisés longtemps encore" mais il faut s'efforcer "de combler la fracture politique" dans cette ville de près de huit millions d'habitants dont beaucoup ressentent avec inquiétude l'influence croissante de la Chine.
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