Le principal site d'occupation du mouvement prodémocratie à Hong Kong était en cours d'évacuation jeudi, probable épilogue de semaines de blocages et de manifestations revendiquant l'instauration d'un véritable suffrage universel dans l'ancienne colonie britannique.
Sur décision de la Haute cour, saisie par des commerçants et des compagnies de transport en commun, des huissiers de justice se sont présentés peu après 09H00 (01H00 GMT) sur le campement, un village de tentes installé depuis 11 semaines dans le quartier d'affaires d'Admiralty, près des bureaux du chef de l'exécutif hongkongais.
Ils ont lu aux manifestants une injonction d'évacuation et leur ont donné jusqu'à 11H00 pour démanteler le camp, défaire les tentes dans lesquelles certains dorment depuis la fin septembre, et quitter les lieux. Passé ce délai, ils seront arrêtés.
Vers 10H00, des ouvriers ont commencé à démanteler les barricades d'enceinte de part et d'autre du site. La police devait ensuite intervenir pour dégager le coeur du campement installé sur une autoroute à neuf voies, un des grands axes de circulation de l'île de Hong Kong dont le blocage perturbe fortement la mobilité des habitants.
Les chefs de file du mouvement de contestation, soutenus par une vingtaine de députés qui se sont déclarés prêts à finir au poste de police, ont lancé un appel à aller "au bout".
Certains étaient déterminés à les suivre, d'autres se montraient plus prudents, dissimulant mal une résignation largement partagée alors que les manifestants n'ont strictement rien obtenu.
"Je partirai probablement juste avant l'opération parce que je me mettrais dans une situation professionnelle difficile si la police relevait mon identité", confiait Chow, 29 ans, employé dans une association.
Le chef du gouvernement Leung Chun-ying a assuré que les forces de l'ordre feraient un "usage minimal" de la force.
Les manifestants ont toujours prôné la non-violence mais des heurts parfois violents, faisant des dizaines de blessés, se sont produits lors du démantèlement de précédents noeuds de blocage.
"Nous ne présenterons pas d'opposition, nous résisterons passivement", indiquait le leader étudiant Alex Chow quelques heures avant l'ultimatum. "Nous respections l'Etat de droit, nous ne sommes pas des émeutiers", a-t-il ajouté.
- "Nous reterons divisés encore longtemps" -
Les autorités pourraient également évacuer un campement plus petit occupé à Causeway Bay, temple du shopping prisé par les Chinois du continent. Ce campement était quasiment à l'abandon jeudi matin, quelques rares touristes y déambulant en prenant des photos.
Depuis le pic de la contestation le 28 septembre, lorsque les manifestants étaient descendus dans la rue par dizaines de milliers, le nombre de protestataires a nettement diminué dans le territoire passé sous tutelle chinoise. Et le soutien au mouvement de l'opinion publique, lassée par les embouteillages et les perturbations, s'est érodé.
Territoire chinois bénéficiant d'une large autonomie, l'ancienne colonie britannique a connu avec ces manifestations sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997.
La Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017 mais exige que les candidats reçoivent l'aval d'un comité loyaliste, ce qui garantit, aux yeux des manifestants, l'élection d'un candidat inféodé à Pékin.
Pour l'éditorialiste du South China Morning Post, le quotidien anglophone de référence à Hong Kong, l'heure est désormais à la réconciliation entre les manifestants, les militants pro-Pékin qui n'ont pas hésité à faire le coup de poing, et les habitants affectés par les blocages.
"Commencez par vous réconcilier avec les personnes que vous aviez retirées de votre liste d'amis sur Facebook", écrivait-il dans l'édition de jeudi. "Nous resterons divisés longtemps encore" mais il faut s'efforcer "de combler la fracture politique" dans cette ville de près de huit millions d'habitants dont beaucoup ressentent avec inquiétude l'influence croissante de la Chine.
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