"La vie est belle, de retrouver la liberté!" Serge Lazarevic, dernier otage français, est rentré en France mercredi après trois ans de captivité au Sahel aux mains d'Al-Qaïda et sa libération en échange de celle, semble-t-il, de plusieurs jihadistes dont l'organisateur de son propre enlèvement.
Blouson noir et large sourire, cet homme de 51 ans a été accueilli peu après 07H45 par François Hollande à sa descente de l'avion qui le ramenait de Niamey, à l'aéroport militaire parisien de Villacoublay. Sous une pluie fine et dans un vent froid, il a embrassé ses proches.
Il a ensuite longuement étreint le fils de Philippe Verdon -- "mon fils", a-t-il glissé. Enlevé avec lui par des hommes armés alors qu'ils étaient en voyage d'affaires, le 24 novembre 2011 dans un hôtel de Hombori, dans le nord du Mali, Philippe Verdon a été retrouvé mort d'une balle dans la tête mi-2013.
"Etre otage, c'est un peu compliqué, c'est pas très simple", a dit Serge Lazarevic dans un bref discours -- "je n'ai pas beaucoup de forces", s'est-il excusé. "La vie est belle", lui a fait écho dans un cri de joie sa fille Diane, qui était allée le chercher mardi au Niger.
D'après un premier check-up dans l'avion, "il va bien", mais a ensuite subi des examen dans un hôpital militaire parisien. L'ex-otage a confié être "fatigué", "hyper tendu", mais "content d'être en vie" après des conditions de détention "dans l'ensemble" satisfaisantes.
Ce colosse franco-serbe a ajouté avoir "perdu une vingtaine de kilos" sur les 120 qu'il pesait lors de son enlèvement.
Sa barbe fournie visible sur la dernière vidéo de lui, diffusée mi-novembre par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a cédé la place à un bouc poivre et sel bien taillé, sur un visage amaigri laissant apparaître des pommettes plus saillantes.
- 'Echange de prisonniers' -
Officiellement, sa libération, dans le nord malien, est le fruit d'un "engagement personnel" des présidents du Mali et du Niger, salué par Paris, et de "très longs mois" de "discussions".
"Il y a à la fois des négociations, des relais diplomatiques" et "la discrétion", s'est borné à dire mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll.
Pourtant, il y a bien eu "échange de prisonniers", un "geste" du Mali "à la demande de Paris", a assuré à l'AFP un responsable de la sécurité malienne.
"Indignées", des organisations de défense des droits de l'Homme ont critiqué le fait que de "présumés terroristes", comme Mohamed Aly Ag Wadoussène qu'elles présentent comme "l'organisateur principal de l'enlèvement", aient été libérés en échange de l'otage français.
"C'est un paradoxe de voir des individus libérés dans le cadre de la libération d'otages qu'ils ont eux-mêmes aidé à capturer", a réagi le responsable Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) Florent Geel.
Sans commenter les circonstances de ce dénouement, le président Hollande s'est félicité de ce que la France ne compte "plus aucun otage, dans aucun pays au monde" et a lancé mercredi "un message simple, clair, à tous nos compatriotes qui peuvent se trouver dans des zones à risque: faites en sorte de ne pas aller où vous pouvez être enlevés".
"N'oubliez jamais qu'être un homme libre, c'est faire attention à soi, partout où vous allez. Faites attention parce que la liberté, c'est plus cher que tout", a acquiescé Serge Lazarevic.
En février 2013, la France avait compté jusqu'à quinze otages dans le monde; elle en déplorait encore six au 1er janvier. En avril, quatre journalistes enlevés en Syrie ont été libérés tandis qu'un mouvement jihadiste a annoncé la mort de Gilberto Rodrigues Leal, capturé en novembre 2012 au Mali. Le guide de montagne Hervé Gourdel a, lui, été capturé puis tué fin septembre en Algérie par un groupe jihadiste.
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