La présidente du Front national Marine Le Pen a semblé mercredi légitimer la torture dans certains cas, avant de récuser peu après cette option en affirmant qu'il est "très heureux" que la France n'y ait pas recours.
Interrogée par BFMTV et RMC sur le rapport américain du Sénat dévoilé mardi détaillant des sévices infligés par la CIA à des suspects de terrorisme, l'eurodéputée a déclaré: "moi, je ne condamne pas".
Selon ce rapport, la CIA a soumis des dizaines de détenus liés à Al-Qaïda à des interrogatoires violents mais inefficaces après le 11 septembre, tout en mentant au grand public.
"Sur ces sujets-là, il est assez facile de venir sur un plateau de télévision pour dire: +hou la la ! C'est mal+", a lancé Mme Le Pen. La torture peut-elle être utilisée? "Oui, oui, bien sûr, cela a été utilisé dans l'Histoire".
"Moi je crois que les gens qui s'occupent de terroristes et accessoirement de leur tirer des informations" qui "permettent de sauver des vies civiles, sont des gens qui sont responsables", a déclaré la présidente du parti d'extrême droite.
Ce recours à la torture, insiste-t-on, peut-il être excusable parfois? "Il peut y avoir des cas, permettez-moi de vous dire, quand une bombe -tictac tictac tictac - doit exploser dans une heure ou deux et accessoirement peut faire 200 ou 300 victimes civiles, où il est utile de faire parler la personne pour savoir où est la bombe".
Même sous la torture? "Avec les moyens qu'on peut", a répondu Marine Le Pen après un silence.
Plus tard dans la matinée, la patronne du FN a écarté sur son compte Twitter "une interprétation malveillante. Face au terrorisme, pas d'angélisme. +Les moyens qu'on peut+ : les moyens de la loi, évidemment pas la torture".
- Un 'recours ultime' pour 'sauver des vies' -
Invitée ensuite de l'émission Questions d'Info sur LCP, avec l'AFP, France Info et Le Monde, Marine Le Pen a expliqué qu'elle parlait alors des Etats-Unis, qui ont une "utilisation industrielle () parfaitement condamnable" de cette pratique "sous le choc psychologique (des attentats) du World Trade Center".
"La France n'a pas recours à la torture et c'est très heureux qu'il en soit ainsi", a poursuivi celle qui a été avocate de profession, avant d'insister plus tard : "Ce n'est pas le cas de la France et je m'en réjouis".
Marine Le Pen craint-elle qu'on fasse un parallèle avec les accusations de torture dont son père Jean-Marie Le Pen a fait l'objet? "Ces accusations ont été condamnées devant la justice. Il a été victime de diffamation."
Depuis les années 80, Jean-Marie Le Pen a plusieurs fois été accusé de torture pendant la guerre d'Algérie, où il a servi comme lieutenant en 1956-57, des accusations qu'il a toujours réfutées. L'ancien président du FN a engagé plusieurs procédures judiciaires contre les journaux ayant relayé ces accusations, obtenant gain de cause dans plusieurs cas.
Mais il avait été débouté définitivement en 2005 par la Cour de cassation dans un procès contre Le Monde. Le quotidien avait publié, en pleine campagne électorale de 2002, des témoignages l'accusant de tortures.
Plusieurs soutiens de Marine Le Pen ont toutefois légitimé ou semblé légitimé la première position de la patronne du FN: Gilbert Collard, l'un des deux députés FN, a ainsi défendu sur I-télé un "recours ultime" pour "sauver des vies".
"Que ceux qui poussent des cris d'orfraie suite aux propos de Marine Le Pen sur le terrorisme se rappellent l'horreur des attentats de 95", a tweeté Eric Domard, membre de son cabinet.
"Marine Le Pen a énoncé des situations dramatiques bien particulières pour lesquelles certains moyens sont utiles", a aussi tweeté Bruno Lemaire, l'un de ses conseillers économiques.
Le PS de son côté y a vu de la "désinvolture" et de la "légèreté", tandis que Laurence Rossignol, secrétaire d'Etat chargée de la Famille, a tweeté "Tranquilou, Marine Le Pen légitime la torture", accompagné des mots-dièse "les chiens font pas des chats" et "la famille gégène".
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