Première victime dans la crise à la CGT après les révélations sur le train de vie du numéro un Thierry Lepaon: l'administrateur-trésorier, Eric Lafont, a présenté mardi sa démission, au moment où la direction élargie de la centrale était réunie pour trouver une issue.
M. Lafont qui avait validé les dépenses coûteuses dans l'appartement de fonction et le bureau de M. Lepaon, a démissionné, a annoncé mardi à l'AFP une source interne, confirmant une information d'i-TELE.
Après les révélations du Canard enchaîné sur les dépenses de rénovation (105.000 euros) de son appartement de location en bordure du bois de Vincennes, M. Lepaon avait reconnu qu'une "faute" avait été commise" mais l'avait imputée principalement au trésorier, affirmant que lui-même n'était pas au courant du montant des dépenses.
Selon des sources internes, M. Lafont avait très mal vécu sa stigmatisation, comme principal responsable de cette affaire.
Le numéro un n'avait en revanche pas jugé exagérés les travaux pour 62.000 euros dans son bureau, réalisés, selon lui, dans le cadre de la rénovation du siège de la CGT à Montreuil, ni les indemnités de 31.000 euros qu'il a reçues lors de son départ de la CGT Basse-Normandie.
Ces faits ont en revanche suscité l'indignation des militants et des cadres et fragilisé M. Lepaon, qui a néanmoins refusé vendredi de présenter sa démission .
Hasard du calendrier: les mauvais résultats de la CGT aux élections dans la fonction publique- baisse de 2,3 points, même si le syndicat reste en tête - ont été annoncés dans l'après-midi et ont contribué à plomber l'ambiance de la Commission exécutive (direction élargie) réunie depuis la matinée à huis clos au siège de la CGT.
Sans être le facteur explicatif, l'affaire Lepaon, qui a jeté le trouble chez militants et syndiqués, n'est sans doute pas étrangère à ce résultat en berne, constaté également la semaine dernière à La Poste (-2,79 points) .
M. Lepaon tente de convaincre les 56 membres la Commission exécutive de ne pas envenimer la situation pour éviter une nouvelle crise de succession à la CGT, à l'image de celle qui a ébranlé le syndicat en 2012.
Le secrétaire général aurait souhaité évité la convocation du "parlement" de la CGT (le Comité confédéral national, CCN), seule instance habilitée à le révoquer. Mais la réunion de celle-ci semble désormais inévitable pour nommer un nouveau trésorier.
- 'La base exaspérée, l'appareil prudent' -
Une âpre bataille politique est en cours entre les opposants au secrétaire général, qui le jugent désormais disqualifié pour diriger le premier syndicat français, et ses soutiens qui mettent en garde contre le risque d'une nouvelle crise interne après son départ.
Le rapport des forces au sein de la CGT, entre les pro et les anti-Lepaon, reste "incertain". "On se compte dans l'organisation", a confié à l'AFP une dirigeante. Le SNJ-CGT, syndicat des journalistes, est le seul à avoir demandé publiquement la démission de M. Lepaon.
"La base est exaspérée, mais l'appareil reste prudent", relève auprès de l'AFP Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail. "A ce jour, ouvrir la succession de Lepaon c'est ouvrir un débat qui ressemble à une crise, ce ne sera pas un débat serein", estime cet analyste.
Selon l'hebdomadaire Marianne, l'indemnité perçue par M. Lepaon serait une pratique secrète ayant cours à la CGT "depuis plus de 20 ans" pour compléter la retraite de certains militants du privé ayant subi des périodes de chômage. "Des retraites +casquette+", ironise l'hebdomadaire.
De son côté, la presse reprend de vieilles accusations contre M. Lepaon au sujet de sa gestion de la crise à Moulinex, où il était délégué CGT, lui reprochant d'avoir lâché les salariés après le plan social en 2001.
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