La chancelière allemande Angela Merkel s'est posée mardi en garante de la stabilité de l'Europe devant ses troupes réunies en congrès qui l'ont élue triomphalement pour un huitième mandat à la tête du parti conservateur CDU.
La dirigeante de 60 ans, qui gouverne l'Allemagne depuis neuf ans, a appelé l'Union européenne à respecter les règles de discipline budgétaire qu'elle s'est elle-même fixées pour sortir de la crise financière.
"Si finalement, nous ne respections pas ce que nous avons décidé pendant la crise, alors nous sèmerions le doute, et ce serait mauvais pour l'Europe. C'est pourquoi nous (les Allemands) veillons au respect des règles", a-t-elle déclaré à Cologne (ouest), devant un millier de délégués de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), acquis à sa cause.
"Le fait que nous parlions constamment du Pacte de stabilité et de croissance, et que nous disions qu'il faut le respecter, ce n'est pas du rigorisme allemand, mais c'est une question de confiance", a-t-elle lancé. Or, "la crise de la dette en Europe était par essence une crise de confiance", a-t-elle souligné, très applaudie.
La chancelière a appelé à la vigilance alors que la Grèce pourrait basculer dans une nouvelle période d'incertitude politique au moment où les négociations avec la troïka sont bloquées. Elle a jugé que la crise en Europe était "sous contrôle" mais "pas encore durablement surmontée".
La chancelière avait tancé Paris et Rome ce weekend, critiquant des réformes insuffisantes, alors que Bruxelles a accordé un délai de quatre mois à la France pour préciser son budget 2015.
Cette posture volontiers donneuse de leçon en Europe a ravi les élus conservateurs qui l'ont triomphalement reconduite à la tête du parti, avec 96.72% des voix, soit son deuxième meilleur score après 97,9% il y a deux ans.
Présidente de la CDU depuis 14 ans, Mme Merkel a dressé le portrait d'une Allemagne aux performances économiques enviables et qui gère bien ses finances.
"Après neuf ans de gouvernement, nous pouvons constater que nous avons beaucoup accompli", a-t-elle souligné dans son discours d'une heure. "Notre chômage est sous les trois millions de personnes, le chômage des jeunes dans notre pays est le plus faible de l'Union européenne", a-t-elle notamment énuméré, soulignant la bonne réputation internationale dont jouissait l'Allemagne.
Depuis son accession au pouvoir en 2005, le nombre de chômeurs a diminué presque de moitié.
Mme Merkel a vanté l'industrie allemande et le réseau étoffé de petites et moyennes entreprises qui font sa force.
Elle a surtout longuement insisté sur le fait que les finances publiques de l'Etat fédéral devraient revenir à l'équilibre, pour la première fois depuis 46 ans, "une performance historique", selon elle.
"Il en va ni plus ni moins de l'avenir de l'Allemagne", a-t-elle jugé à propos de l'assainissement des comptes publics. "Nous cessons de vivre à crédit, nous pensons à nos enfants", a-t-elle poursuivi.
La dirigeante, dans un discours tout en retenue comme à son habitude, a ensuite reçu l'une des plus longues ovations --plus de 10 minutes-- depuis qu'elle gouverne la première économie européenne.
L'an dernier, Mme Merkel a entamé un troisième mandat de chancelière avec une popularité toujours au zénith. Elle recueillait vendredi 67% d'avis positifs dans le dernier baromètre mensuel de la chaîne publique ARD, et semble sans véritable rival pour les élections législatives de 2017 si elle était de nouveau candidate.
Au Bundestag, la chambre des députés, la CDU dispose à elle seule de près de la moitié des sièges (311 sièges sur 631), contre 193 pour le Parti social-démocrate (SPD).
Contrainte à l'issue des législatives de septembre 2013 de former une "grande coalition" avec le rival social-démocrate, la chancelière, forte d'une image de "mère de la nation", tire aussi les bénéfices de ce "mariage de raison" qui satisfait 53% des Allemands, selon un sondage de l'institut Infratest-dimap.
Selon un sondage publié par l'édition dominicale du quotidien Bild, 56% des Allemands souhaitent un quatrième gouvernement Merkel.
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