Le tribunal sud-africain qui a condamné le champion paralympique Oscar Pistorius à cinq ans de prison pour l'"homicide involontaire" de sa petite amie en 2013 examinait mardi la demande d'appel du parquet, qui soutient que la juge s'est trompée dans son verdict.
"Les conséquences de son acte auraient dû être davantage prises en considération", a exposé le procureur Gerrie Nel, repartant à la charge contre le verdict d'homicide involontaire controversé dans une partie du monde judiciaire.
Le champion, qui vient de fêter ses 28 ans en prison, n'était pas présent à l'audience.
Thokozile Masipa, la juge qui a acquitté Pistorius de l'accusation de meurtre, ne retenant contre lui que l'imprudence, doit décider si elle accepte que le procès soit réexaminé par un panel de juges de la Cour suprême d'appel de Bloemfontein (centre).
Le procureur a exposé une nouvelle fois que Pistorius savait qu'il risquait de tuer quelqu'un, dès lors que la juge Thokozile Masipa elle-même a conclu que l'athlète avait agi "de façon très négligente" quand il a tiré sur la porte des toilettes de sa salle de bains.
"Il ne s'agit pas de quelqu'un qui a tiré à l'aveugle, ou désorienté", a-t-il ajouté.
"En se fondant sur tout ça, nous affirmons que l'élément de clémence a été peut-être exagéré à outrance", a-t-il dit.
Non seulement, une condamnation à cinq ans de prison est "inappropriée" selon lui, mais cela créé un précédent gênant pour la jurisprudence. "Le précédent créé par le tribunal met la barre très bas, c'en est choquant", a-t-il dit. "La Cour s'est trompée de question", a-t-il dit, soulignant qu'on ne pouvait pas prendre pour argent comptant le fait que Pistorius n'ait jamais eu l'intention de tuer "seulement parce qu'il l'affirme".
"Madame le juge, avec tout le respect que je vous dois, c'est une application erronée de la notion de +dolus eventualis+ (homicide involontaire) et de la légitime défense supposée", a-t-il dit.
Pistorius, double amputé des pieds après la naissance et qui a fait sensation aux jeux Olympiques de Londres 2012 en courant avec les valides sur des lames de carbone, a abattu son amie mannequin Reeva Steenkamp le 14 février 2013.
Il a tiré quatre balles de gros calibre à travers la porte des toilettes de sa salle de bains, par erreur, a-t-il dit, la prenant pour un cambrioleur.
Toute la question est de savoir si, au moment de tirer, il avait conscience qu'il pouvait donner la mort. Si la réponse est "oui", alors la juge aurait dû rendre un verdict de meurtre, estime le parquet.
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