La zone euro a décidé lundi de prolonger de deux mois le programme d'aide dont bénéficie la Grèce, qui arrive à échéance le 31 décembre, alors que les négociations entre le pays et ses créanciers sont bloquées, empêchant tout dénouement d'ici la fin de l'année.
"Des progrès ont été réalisés () mais ils ne sont pas suffisants pour conclure dès à présent ou avant la fin de l'année la revue en cours" de la troïka, a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, à l'issue d'une réunion à Bruxelles.
Le gouvernement et ses créanciers (UE-BCE-FMI) n'ont pas réussi à boucler l'ultime audit de l'économie de la Grèce, qui doit lui permettre de sortir du plan d'assistance internationale en vigueur depuis 2010.
Les créanciers estiment notamment que la Grèce aura besoin de deux à trois milliards d'euros de recettes supplémentaires en 2015 pour atteindre ses objectifs économiques, ce que conteste Athènes.
Dans un climat politique et social tendu, les autorités grecques ont décidé lundi d'avancer l'élection présidentielle, qui pourrait conduire à des législatives anticipées pour lesquelles le parti Syriza (gauche radicale) est favori. Le gouvernement a décidé de convoquer la présidentielle au 17 décembre, dans un peu plus d'une semaine.
"L?incertitude politique doit être levée maintenant", a indiqué le gouvernement dans un communiqué.
"Ils nous ont demandé des nouvelles mesures (), nous en avons accepté certaines qui étaient logiques, et avons donné l'assurance que nous prendrons des mesures supplémentaires si nous ne tenons pas nos objectifs budgétaires", répond le Premier ministre Antonis Samaras à la troïka.
Le gouvernement est pris en étau entre des créanciers qui ne relâchent pas la pression et une opinion publique excédée par des années d'austérité. L'adoption par le Parlement du budget 2015 a donné lieu ce week-end à de nouveaux affrontements, avec près de 300 interpellations.
- 'Ne pas punir la Grèce' -
"L'idée n'est pas de punir la Grèce, mais que des réformes réelles, profondes, structurantes et structurelles soient mises en ?uvre", a justifié lundi Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques. "C'est ce que nous voulons faire pour ouvrir cette nouvelle page".
L'extension décidée lundi, qui doit encore être approuvée par les parlements de plusieurs Etats membres, va permettre de conclure la revue en cours, et ouvre la voie au versement de la dernière tranche d'aide du programme actuel, de 1,8 milliard d'euros.
"Deux mois, cela nous paraît bien, car c'est assez long pour conclure la revue, mais pas trop", a estimé M. Dijsselbloem, alors que des rumeurs évoquaient une extension de six mois.
Dans cet intervalle, la troïka et les autorités grecques vont devoir aplanir leurs différends et mettre fin au bras de fer auquel elles se livrent depuis plusieurs mois.
Après fin février, le programme d'aide pour la Grèce prendra fin côté européen, le FMI restant engagé jusqu'en 2016.
Malgré les velléités d'Athènes de s'affranchir au plus vite de la tutelle de ses créanciers, la zone euro envisage de lui accorder une ligne de crédit de précaution via son fonds de soutien.
L'idée est de rassurer les marchés financiers qui ont connu un bref accès de panique quand les autorités grecques ont envisagé de se passer du FMI et de sortir sans filet de sécurité du programme d'aide, comme l'ont fait avec succès l'Irlande et le Portugal.
Cette nouvelle aide, qui ne sera pas à proprement parler un "troisième plan", serait d'environ 10 milliards d'euros et pourrait puiser dans le fonds de recapitalisation des banques grecques, selon des sources européennes. Elle irait de pair avec une tutelle plus légère, "moins intrusive" qu'actuellement.
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