Shrien Dewani, riche héritier britannique d'origine indienne accusé d'avoir fait assassiner son épouse durant leur lune de miel en Afrique du Sud, a été acquitté lundi en cours de procès faute de preuves, malgré des zones d'ombre persistantes.
Cette fin précipitée du procès du "meurtre de la lune de miel", qui avait obligé le millionnaire de 34 ans, issu d'une famille conservatrice hindoue, à révéler sa bisexualité cachée, est un revers pour le parquet sud-africain, qui avait mené un long et coûteux bras de fer pour le faire extrader de Grande-Bretagne. L'homme d'affaires arguait de sa santé mentale fragile pour ne pas venir.
Le parquet ne peut pas faire appel, et Shrien Dewani devrait s'envoler rapidement pour la Grande-Bretagne.
Pendant les deux mois qu'aura duré le procès, il était détenu dans un hôpital psychiatrique. Dans le box des accusés, sanglé dans son costume, les tempes grisonnantes, il est apparu le plus souvent nerveux mais a quitté le tribunal le visage impassible.
La famille de la victime Anni Hindocha, des Hindous comme les Dewani mais établis en Suède, pleurait d'amertume: "La justice nous a trahi", a déclaré sa soeur Ami Denborg, en état de choc.
"On espérait seulement que Shrien serait honnête avec nous, et particulièrement avec Anni", a-t-elle ajouté.
Shrien Dewani n'a pas eu à témoigner à la barre, après que la juge Jeannette Traverso a déclaré que les arguments du parquet étaient "bien au-dessous" du niveau nécessaire pour obtenir une condamnation.
Le code de procédure pénale sud-africain permet qu'un accusé soit relaxé avant la fin du procès, si le tribunal estime les preuves insuffisantes.
La juge a concédé l'existence d'"un certain nombre de questions sans réponse" concernant le meurtre et d'une "opinion publique fortement d'avis que l'accusé aurait dû témoigner".
"Ne laissez pas Shrien Dewani partir sans nous donner toute l'histoire, aux Sud-Africains et aux gens du monde entier", avait lancé juste avant l'audience Anish Hindocha, le frère d'Anni.
La juge Jeannette Traverso a indiqué qu'elle avait bien entendu ces appels, mais qu'elle devait appliquer la loi plutôt qu'être guidée par l'émotion.
La jurisprudence établit aussi qu'on ne peut pas forcer un accusé à venir à la barre simplement dans l'espoir qu'il s'accuse lui-même.
- Témoignage 'improbable' -
Shrien Dewani était accusé d'avoir fait assassiner son épouse Anni, 28 ans, issue comme lui d'une grande famille hindoue et originaire de Suède, en simulant un braquage de leur taxi pendant leur lune de miel au Cap, le 13 novembre 2010.
Le couple, marié depuis deux semaines, venait de dîner dans un restaurant chic quand leur taxi avait été braqué dans un township. Le corps de la jeune femme devait être retrouvé le lendemain sur la banquette arrière du véhicule, une balle dans la nuque. Shrien Dewani a affirmé qu'il avait été contraint de fuir sous la menace d'un pistolet sur la tempe.
A l'époque du meurtre, l'Afrique du Sud s'était beaucoup inquiétée des répercussions de ce fait divers sur le tourisme, juste après l'organisation réussie de la Coupe du Monde de football 2010.
La juge a estimé lundi que la véracité du témoignage du chauffeur de taxi Zola Tonga était "hautement improbable".
Lui-même et l'un des assaillants, qui purgent de longues peines de prison, avaient affirmé que M. Dewani leur avait offert 15.000 rands (environ 1.000 euros au cours actuel) pour tuer Anni. Un troisième complice, condamné, est mort d'un cancer durant le procès.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.