Les millions d'habitants de Manille se préparaient lundi à subir les assauts de Hagupit, typhon rétrogradé au rang de tempête qui déferle depuis trois jours sur l'archipel régulièrement meurtri par des intempéries dévastatrices, tuant au moins 23 personnes et détruisant des milliers d'habitations.
Hagupit, qualifié de supertyphon au moment de sa formation dans l'océan Pacifique, était passé à la catégorie typhon lorsqu'il a touché terre samedi dans l'est de l'archipel. Lundi, le typhon a été dégradé à la catégorie tempête tropicale. Dans la soirée, les vents se sont affaiblis à 85 km/heure alors que la tempête se trouvait à une centaine de kilomètres au sud-ouest de la capitale.
Dans l'agglomération de Manille, où vivent 12 millions de personnes, les opérations d'évacuation battaient leur plein. "Nous sommes en état d'alerte", a déclaré Joseph Estrada, maire de la ville même de Manille, qui compte deux millions d'habitants. "Ce sont les inondations qui nous inquiètent".
Des milliers de personnes, pour la plupart les habitants des bidonvilles situés sur le littoral ou au bord de fleuves, se sont mises à l'abri dans des écoles et des centres d'accueil mis en place par les autorités. "J'ai très peur, à chaque tempête, on n'a d'autre choix que d'évacuer", expliquait Soledad Papauran, 60 ans.
Les écoles étaient fermées, de même que la Bourse et de nombreux bureaux. Les fonctionnaires ont été priés de rester chez eux tandis que des dizaines de vols commerciaux ont été annulés.
Les autorités s'étaient préparées au pire. Craignant une répétition de la désolation laissée par le super typhon Haiyan voici un an, elles avaient dès vendredi ordonné à des millions de Philippins de se réfugier dans des églises, des écoles et des gymnases.
Haiyan avait fait plus de 7.350 morts le 8 novembre 2013, dévastant en particulier les régions de l'est.
- 'Aidez nous!' -
En touchant terre samedi soir, Hagupit était accompagné de vents soufflant en rafales de 210 km/h, ce qui en a fait la plus forte tempête à frapper l'archipel cette année. Des milliers d'habitations ont été rasées dans des localités isolées, des pylônes électriques ont été arrachés, des coulées de boue ont coupé des routes et plusieurs villes ont été envahies par les eaux jusqu'à deux mètres de hauteur.
D'après un bilan de la Croix-Rouge philippine, au moins 23 personnes ont péri dans les intempéries, dont 18 sur l'île orientale de Samar. La télévision locale GMA a diffusé des images d'enfants brandissant des pancartes sur cette île où l'on pouvait lire "aidez nous, aidez nous!".
Ce bilan devrait vraisemblablement s'alourdir. La tempête n'aura pas fini de traverser l'archipel aux 7.100 îles avant mardi tandis que l'étendue exacte des dégâts dans certaines zones était toujours en cours d'évaluation.
Le gouvernement a toutefois estimé que les gigantesques opérations d'évacuation mises en oeuvre depuis vendredi avaient permis de sauver de nombreuses vies.
A Tacloban, localité de 220.000 habitants parmi les plus touchées par Haiyan, les autorités n'ont signalé aucune victime. "Nous avons poussé un soupir collectif de soulagement. Nous étions mieux préparés après Yolanda", nom philippin de Haiyan, a déclaré dimanche le maire adjoint Jerry Yaokasin.
Les Philippines, pays en développement de 100 millions d'habitants, subissent régulièrement des intempéries meurtrières, avec en moyenne chaque année une vingtaine de typhons.
L'archipel est souvent la première masse terrestre d'importance que rencontrent les typhons qui se forment dans l'océan Pacifique mais les scientifiques estiment que la virulence des tempêtes de ces dernières années est imputable au changement climatique.
Le directeur exécutif de Greenpeace, Kumi Naidoo, a estimé que ces intempéries mettaient une nouvelle fois en exergue l'urgence d'une politique efficace pour lutter contre les changements climatiques.
Kumi Naidoo a appelé les négociateurs présents à Lima pour la conférence internationale sur le climat à se mettre d'accord. "La nature, elle, ne négocie pas, a-t-il martelé, nous devons nous réveiller et comprendre que le temps presse".
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