Le tribunal correctionnel de Marseille a relaxé lundi contre l'avis du parquet l'ex-patron du PS des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, désormais à la tête d'un parti concurrent, dans une affaire de licenciement présumé abusif d'un de ses anciens collaborateurs.
Le tribunal a considéré que les "faits de détournement de fonds publics" n'étaient "pas caractérisés" et a relaxé M. Guérini, ainsi que son ancien collaborateur dont le licenciement était contesté, Jean-David Ciot, poursuivi pour recel.
La justice a également ordonné la restitution à M. Ciot, devenu député après avoir succédé à M. Guérini à la tête du PS départemental, des 65.500 euros d'indemnités saisies.
Le parquet a dix jours pour faire appel. A l'audience, le procureur avait requis un an d'inéligibilité et six mois de prison contre les deux prévenus, évoquant un "licenciement aberrant" et s'interrogeant sur l'absence de préavis de licenciement, qui prouvait selon lui "l'intentionnalité" des deux prévenus.
La justice soupçonnait M. Ciot, d'avoir bénéficié le 26 mai 2011 d'un licenciement de complaisance décidé par M. Guérini, après neuf années de présence, moyennant 65.500 euros d'indemnités, pour lui permettre de se présenter aux législatives de 2012.
Présent lors du délibéré, dans un costume bleu sombre, M. Guérini s'est refusé à toute déclaration. "C'est une décision juste, logique, en l'état de ce qu'on avait plaidé", a commenté l'un de ses avocats, Me Dominique Mattéi.
"Cette décision est totalement conforme aux faits et au droit", a renchéri son collègue Me Hervé Témime. "Il ne s'agit pas pour nous de triompher d'une décision qui est naturelle. Ce qui l'était moins, ce sont les poursuites dont M. Guérini faisait l'objet", a-t-il poursuivi.
"Le tribunal n'a pas cédé à l'envie ou au fantasme de condamner des noms uniquement parce qu'ils sont connus, et parce que depuis quelques années, ils sont sulfureux", s'est réjoui Me Grégoire Ladouari, l'un des conseils de M. Ciot.
- "Du grand n'importe quoi" -
Cette affaire aurait dû concerner "le tribunal administratif ou les prud'hommes. Mais comme je ne suis pas M. Dupont, je me retrouve devant vous", avait lancé M. Guérini aux juges lors de l'audience. "Le contexte politique était exécrable, il fallait faire disparaître Jean-Noël Guérini", avait-il soutenu, stigmatisant les accusations faites à l'époque par le socialiste Arnaud Montebourg contre "le système Guérini".
M. Guérini est mis en examen, notamment pour trafic d'influence et association de malfaiteurs, dans plusieurs dossiers de marchés publics présumés frauduleux, tout comme son frère Alexandre, soupçonné d'accointances avec le milieu.
Cette relaxe renforce en tout cas politiquement M. Guérini qui, en délicatesse avec le PS depuis ses ennuis judiciaires et le coup de pouce donné à Jean-Claude Gaudin lors des municipales - l'une de ses proches, Lisette Narducci, avait fait alliance avec la droite - avait devancé en avril 2014 son exclusion du PS en démissionnant.
Il a fondé son mouvement politique, "La Force du 13", puis l'a transformé en novembre en parti politique.
Depuis la gifle prise aux municipales, et plus encore depuis la récente décision de la commission électorale d'invalider les comptes de campagne de plusieurs de ses candidats à Marseille, le PS local est en proie à des luttes intestines.
Vingt-deux conseillers généraux socialistes ou divers gauche (FdG et PRG) ont appelé à "une large alliance des élus de la majorité sortante" avec Jean-Noël Guérini, malgré la position socialiste officielle de rupture avec lui. Certains sont pourtant en bonne position pour être investis par les instances locales.
La situation au PS, à quatre mois des départementales? "Du grand n'importe quoi", résumait Michel Pezet, l'un des six conseillers généraux sortants ayant refusé l'alliance avec M. Guérini, quelques jours avant le délibéré.
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