Six détenus de Guantanamo --quatre Syriens, un Palestinien et un Tunisien- ont été accueillis par l'Uruguay, dans une accélération manifeste des transfèrements de la prison américaine où il reste désormais 136 hommes, a annoncé dimanche le Pentagone.
Les six hommes, qui avaient tous reçu leur "approbation pour transfèrement" préalablement des autorités américaines, ont quitté la base américaine de Guantanamo, située à Cuba, à bord d'un avion de l'US Air Force à minuit (05H00 GMT) dimanche, a indiqué à l'AFP un porte-parole du Pentagone, Myles Caggins.
Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, l'Uruguay a confirmé dimanche l'arrivée des "réfugiés" et promis à ce titre "un strict respect des normes internationales de protection humanitaire".
"Ils viennent en qualité de réfugiés et ils pourront quitter le pays dès qu'ils le souhaiteront", avait réaffirmé vendredi le président José Mujica en déplacement en Equateur.
Au total, 19 détenus ont ainsi été rapatriés ou renvoyés dans un pays tiers depuis le début de l'année, dans un effort évident de l'administration de Barack Obama d'accélérer les libérations pour vider la prison controversée et à terme la fermer, comme l'a promis à plusieurs reprises le président.
Sur les 779 passés par ses geôles en bientôt 13 ans, il reste désormais 136 détenus à Guantanamo, dont la plupart n'ont jamais été inculpés ni jugés. Soixante-sept ont été décrétés "libérables" par les administrations successives de George W. Bush et de Barack Obama.
Les six hommes accueillis par l'Uruguay sont âgés de 30 à 40 ans et étaient arrivés à Guantanamo parmi les premiers détenus en 2002. Il s'agit des quatre derniers Syriens --Ahmed Ahjam, Ali Hussein Shaabaan, Omar Abou Faraj et Jihad Diyab--, du Palestinien Mohammed Tahanmatan et du Tunisien Abdoul Ourgy, selon un communiqué du Pentagone.
Le Congrès américain a été dûment informé de ce transfèrement groupé. Celui-ci intervient, après sept libérations en novembre, alors que Barack Obama s'est engagé à plusieurs reprises à fermer le centre de détention avant la fin de son mandat en janvier 2017. Mais le commandant de la prison, le colonel David Heath, a jugé "irréaliste" de fermer Guantanamo d'ici à deux ans.
- La sécurité, plus haute priorité -
"Nous sommes très reconnaissants à l'Uruguay de cette action humanitaire importante et au président (José) Mujica pour son rôle déterminant pour fournir l'asile à des individus qui ne peuvent pas rentrer dans leur propre pays", s'est félicité auprès de l'AFP l'envoyé spécial de Barack Obama, Cliff Sloan, chargé de la fermeture de Guantanamo au département d'Etat.
"Le département de la Défense travaille avec diligence pour transférer les détenus éligibles de Guantanamo", a souligné de son côté son homologue pour le Pentagone Paul Lewis, précisant qu'il voyage régulièrement dans les pays potentiels d'accueil. "La sécurité est toujours la plus haute des priorités avant toute décision de transfert, et (la situation de) chaque détenu est réexaminée avec précaution par six agences gouvernementales avant de le déclarer apte au transfert", a-t-il ajouté.
Parmi les six hommes, figure le Syrien Jihad Diyab qui avait observé une grève de la faim et avait demandé, sans succès, à une juge fédérale de Washington d'ordonner aux autorités de Guantanamo de cesser de l'alimenter de force.
Mais la même juge Gladys Kessler avait sommé le gouvernement Obama de rendre publics des enregistrements vidéo de l'alimentation forcée de M. Diyab, jusqu'ici confidentiels, mais les autorités américaines ont repoussé cette publication et envisagent de faire appel.
Le départ de M. Diyab ne change rien, a affirmé l'avocat David Schulz, qui représente 16 médias ayant obtenu cette publication. "La juge Kessler a déjà souligné qu'il n'y avait pas de raison convaincante de garder ces vidéos secrètes aux yeux des Américains", a dit l'avocat au Miami Herald, l'un de ces médias.
Ex-guérillero d'extrême gauche, José Mujica, qui quittera le pouvoir en mars pour laisser place à Tabaré Vazquez, du même parti, avait accepté d'accueillir ces prisonniers sous le statut de réfugiés.
Mais ce transfèrement, prévu dès août, avait pris du retard pour des raisons politiques en Uruguay et a finalement eu lieu exactement une semaine après l'élection présidentielle dans ce pays.
Durant la campagne électorale, M. Mujica avait cherché à apaiser la polémique autour de cette mesure en indiquant que cela serait discuté avec le prochain gouvernement.
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