"Oui aux emplois", "Bienvenue à Center Parcs": plus d'un millier de personnes ont manifesté dimanche à Roybon pour défendre un projet de village vacances controversé et exprimer leur ras-le-bol contre la "minorité" qui bloque le chantier.
"Nous allons leur montrer que nous sommes unis et nombreux et que la démocratie, c'est nous et pas eux !", a lancé en début de manifestation Christian Luciani, président de "Vivre en Chambaran", association à l'initiative de cette "marche pacifique" de la "majorité silencieuse".
Entre 1.300 et 1.500 personnes ont défilé, selon la gendarmerie, 2.000, selon les organisateurs. "Oui à Center Parcs", "L'avenir des nos enfants, c'est maintenant", "Chantier autorisé: laissez-nous travailler", "VAD: village à défendre", pouvait-on lire sur les dizaines de banderoles et de panneaux.
Le cortège a emprunté une route longeant la forêt de Chambaran, où doit se construire le complexe touristique, mais sans s'approcher du chantier, pour éviter toute altercation avec les "zadistes", opposants du collectif Zad (zone à défendre) Roybon qui y occupent une maison forestière.
Les maisons du village, qui compte 1.300 habitants, arboraient des ballons blancs et verts, couleurs de Center Parcs, et des panneaux favorable au projet qui doit créer 468 emplois "équivalent temps plein" et engendrer d'importantes retombées fiscales pour les collectivités locales.
- "Projet bénéfique" -
En entamant leur marche, les manifestants disaient leur émotion de se voir si nombreux à défier le froid et la grisaille. Certains agitaient des drapeaux tricolores tandis que d'autres entonnaient la Marseillaise.
"A Roybon, on nous a proposé un incinérateur puis une décharge. Je préfère un Center Parcs. Au niveau écologie, il n'y a pas photo", expliquait Anne Bayou, médecin et habitante de Roybon.
C'est un "projet bénéfique pour le village, pour l'emploi et pour la nature", assurait Salvatore Grasso, 42 ans, ouvrier, portant bonnet et lunettes noires et une pancarte "Oui à l'avenir".
"Il n'y a plus d'activité sur le plateau, il n'y a plus rien, le village se meurt", poursuivait-il. "Je suis écologiste mais là ce n'est plus de l'écologie, c'est de l'acharnement contre un village, contre un peuple, contre une région".
Comme lui, beaucoup de manifestants exprimaient un profond agacement contre la cinquantaine de "zadistes" qui entravent les travaux de défrichement depuis une semaine. "Zadiste, espèce protégée ?", pouvait-on lire sur une pancarte.
"Y en a pas un de la région, y en a pas un du coin. Ils ne travaillent pas et ne vivent que du RSA", s'énervait Patrice Gaudeneche, chef d'entreprise.
Vingt plaintes ont été déposées à la gendarmerie par les entreprises du chantier pour des "incivilités" et des "dégradations" sur leur matériel, déplorait Philippe Rosaire, géomètre.
- "Mangeurs de kakis!" -
De nombreux élus, de droite comme de gauche, ont participé à la manifestation. "On aura le temps de faire de la politique après. On est là pour défendre un projet", expliquait Jean-Pierre Barbier, député UMP, arrivé avec son homologue socialiste, Joëlle Huillier.
"Ce qu'on dit, c'est laissez nous vivre, laissez nous créer de la richesse sur notre territoire. On est pris en otage par une minorité d'anarchistes qui sont contre l'ordre républicain. L'immense majorité de la population en a ras-le-bol", ajoutait le parlementaire. "Complètement d'accord", approuvait Joëlle Huillier.
"Maintenant, on est gouverné sous le diktat des écologistes", dénonçait Mireille d'Ornano, députée européenne Front national.
En queue de manifestation, un petit groupe de zadistes sont venus à la rencontre des manifestants avec du café et en portant des pancartes "Nous sommes tous frères" et "Je suis venue pour comprendre et écouter".
Ils ont été reçus par des insultes ("Gauchistes de merde ! Mangeurs de kakis, va !") mais la manifestation s'est dispersée sans incident.
Fort du succès de leur mobilisation les "pro-Center Parcs" ont prévu de se retrouver dimanche prochain pour un nouveau rassemblement.
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