Les otages américain Luke Somers et sud-africain Pierre Korkie, détenus par Al-Qaïda au Yémen, ont été tués samedi lors d'une opération de sauvetage ratée des Forces spéciales américaines, le président Barack Obama accusant le réseau de "meurtre barbare".
L'opération a été lancée moins de 24 heures avant l'expiration d'un ultimatum d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) qui a menacé jeudi de tuer Luke Somers si Washington ne répondait pas à des exigences non précisées, et une dizaine de jours après une précédente opération similaire qui avait elle aussi échoué.
Luke Somers, un photojournaliste de 33 ans, avait été kidnappé en septembre 2013 à Sanaa, et Pierre Korkie, 57 ans, un enseignant sud-africain à la santé fragile, était retenu par le réseau extrémiste sunnite depuis le 27 mai 2013.
Ce dernier s'apprêtait à recouvrer la liberté dimanche, selon l'association caritative sud-africaine musulmane Gift of the Givers, qui négociait depuis un an avec ses ravisseurs par l'intermédiaire de bédouins yéménites.
Durant l'opération à Noussab, un des fiefs d'Al-Qaïda dans le sud-est du Yémen, "M. Somers et un second citoyen non américain ont été assassinés par les terroristes d'Aqpa", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel, en faisant état de plusieurs ravisseurs tués.
La mission était "extrêmement dangereuse et compliquée", a ajouté M. Hagel dans un communiqué. "Ces opérations présentent toujours un risque".
Selon un responsable du Pentagone voyageant avec M. Hagel à Kaboul, les forces spéciales américaines sont intervenues après avoir obtenu de "très bonnes indications" selon lesquelles Somers allait être tué de façon imminente, peut-être dès samedi.
Embarquées dans un aéronef à rotors basculants Osprey, ces forces ont été déposées avant l'aube à une dizaine de kilomètres de la base où Somers était détenu puis ont marché jusqu'à leur objectif, mais ont été découvertes par les ravisseurs à une centaine de mètres de la base.
- 'Brusquement, un éclair lumineux' -
"L'effet de surprise ayant disparu, un éclair lumineux a brusquement surgi juste après, et nous pensons que c'est alors que () les otages se sont fait tirer dessus", a-t-il dit. L'un des otages est décédé en route vers un navire militaire américain et l'autre sur la table d'opération à bord du navire.
M. Obama a précisé avoir "autorisé cette opération de sauvetage en coopération avec le gouvernement yéménite" après des "informations indiquant que la vie de Luke était en danger immédiat".
"Les Etats-Unis n'épargneront aucun effort () pour ramener sains et saufs les Américains, où qu'ils se trouvent", a-t-il ajouté, en dénonçant le "meurtre barbare" de Luke Somers par "les terroristes d'Al-Qaïda" et en exprimant sa compassion à la famille Korkie.
Le ministère yéménite de la Défense a fait état de "dix membres d'Al-Qaïda tués" dans l'opération, à laquelle ont participé des forces anti-terroristes yéménites dont quatre membres ont été blessés, selon une source sécuritaire citée par l?agence de presse officielle Saba.
Selon le responsable américain voyageant avec M. Hagel, des échanges de tirs ont eu lieu pendant cinq à dix minutes, au cours desquels les commandos américains ont tué au moins cinq rebelles. Il n'y a eu aucune victime côté américain.
Des habitants de Noussab ont fait état de violents affrontements le matin, ponctués de puissantes explosions.
La précédente opération, menée fin novembre par les forces américaines et yéménites, n'avait pas permis la libération de Luke Somers, mais celle de huit autres otages de différentes nationalités.
- Korkie attendait d'être libéré -
Selon l'ONG sud-africaine, les ravisseurs de Pierre Korkie -qui avait été enlevé en même temps que son épouse Yolande finalement libérée en janvier 2014 - réclamaient une rançon de trois millions de dollars mais avaient récemment envisagé de réduire leur prétention.
"Yolande et sa famille sont psychologiquement d'autant plus anéantis qu'ils savaient que Pierre allait être libéré par Al-Qaïda demain" dimanche, a affirmé Gift of the Givers.
"Je ne peux pas vous dire que les Américains savaient où il se trouvait () mais beaucoup de gens savaient qu'il allait être libéré", a déclaré le président de l'ONG, Imtiaz Sooliman. "Je suis sûr qu'ils (les Américains) devaient savoir" que sa libération était imminente.
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