François Hollande, qui refuse pour l'instant de livrer des Mistral à la Russie, était samedi en route pour Moscou où il devait rencontrer Vladimir Poutine pour des discussions cruciales sur la crise en Ukraine.
Cette visite du chef de l'Etat français qui fait un détour surprise en Russie pour rencontrer l'homme fort du Kremlin est la première d'un dirigeant occidental depuis le début de la crise ukrainienne.
François Hollande, qui arrive du Kazakhstan où il a effectué une visite de deux jours, avait appelé depuis Astana, la capitale kazakhe, à une "désescalade" dans le conflit ukrainien, au lendemain d'un discours virulent du président russe pointant la responsabilité des Occidentaux dans ce conflit.
Organisée à la demande de la présidence française qui en a proposé le principe vendredi soir à la partie russe, la rencontre se déroulera à l'aéroport Vnoukovo de Moscou, a indiqué la présidence française. François Hollande sera rejoint à Moscou par son conseiller diplomatique Jacques Audibert, venu de Paris.
Les deux hommes doivent discuter de la crise en Ukraine, des relations entre la Russie et l'Europe, de la Syrie et du nucléaire iranien.
Ce tête-à-tête intervient à un moment clef dans la crise ukrainienne alors que les combats entre forces loyalistes et prorusses ont redoublé d'intensité en Ukraine à quelques jours de l'entrée en vigueur d'une trêve visant à mettre fin à huit mois de conflit meurtrier. Six soldats ukrainiens ont encore été tués en 24 heures dans l'Est séparatiste.
La dernière rencontre en tête-à-tête entre Vladimir Poutine et François Hollande remontait au 15 novembre, en marge du sommet du G20 de Brisbane (Australie).
- Le problème des navires Mistral -
"La tension, la pression ne sont jamais des solutions", avait souligné vendredi le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaïev, plaidant pour une "désescalade" d'abord "verbale" puis "dans les mouvements" militaires en Ukraine.
"Je n'ai jamais cessé de chercher le dialogue", avait-il fait valoir, la France étant selon lui "dans une position qui lui permet de parler aux uns et aux autres" et d'avoir leur "confiance".
"Nous allons travailler ensemble pour chercher tous les points qui permettront de clarifier et d'engager une désescalade" dont "nous avons besoin, car il y a des risques, toujours, d'une escalade supplémentaire et des menaces sérieuses sur l'économie de l'ensemble de la région", a-t-il encore insisté.
En expert de la relation avec Moscou, le président kazakh, au pouvoir depuis la proclamation de son indépendance par le Kazakhstan, une ex-République soviétique, en 1991, a estimé inopportun de "mettre en colère la Russie" et plaidé en faveur d'un "compromis pour sortir de cette impasse".
Certes, "tous les droits internationaux ont été bafoués" par Moscou en Ukraine, a-t-il reconnu, mais les "ultimatums" ne sont pas "la meilleure solution". Et si "ce qui s'est passé en Ukraine est tout à fait inacceptable, je ne pense pas qu'il faudrait revenir à la Guerre froide", a-t-il enchaîné.
M. Nazabaïev souhaite même que l'on "mette fin aux sanctions" internationales contre Moscou. Explication d'un diplomate occidental: "Les sanctions qui frappent la Russie frappent aussi le Kazakhstan" dont l'économie est toujours très liée à celle de son puissant voisin.
La rencontre Hollande-Poutine de samedi intervient aussi dans un climat tendu concernant l'affaire du Mistral.
Interrogé vendredi par l'AFP sur ce dossier, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré: "C'est un problème de réputation pour la France. Ils doivent remplir toutes leurs obligations selon le contrat".
Or c'est précisément la guerre en Ukraine qui, de l'avis de la France, empêche la livraison du premier des deux navires Mistral que Paris a vendus à la Russie, un contrat qui déplaît aux Américains, dans le climat actuel d'un retour à une Guerre froide.
Le président François Hollande avait ainsi annoncé le 25 novembre le report "jusqu'à nouvel ordre" de la livraison du premier Mistral, considérant "que la situation actuelle dans l?est de l?Ukraine" ne permettait toujours pas cette livraison.
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