Les combats redoublaient d'intensité en Ukraine à quelques jours de l'entrée en vigueur d'une trêve visant à mettre fin à huit mois de conflit meurtrier, six soldats ukrainiens ayant encore été tués en 24 heures dans l'Est séparatiste prorusse.
L'annonce d'un cessez-le-feu, à partir du 9 décembre, n'est pas la première et invite à la prudence. Le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine a d'ailleurs rappelé que l'Ukraine avait "besoin d'un cessez-le-feu réel et non d'une annonce".
Kiev et les séparatistes prorusses qui s'opposent depuis avril ont créé la surprise en annonçant jeudi un accord sur un arrêt total des tirs dans l'Est à partir de mardi.
"La semaine à venir sera décisive" pour les accords de paix, a déclaré Valéri Tchaly, conseiller du président ukrainien chargé de la politique internationale, qui "espère que le retrait de l'artillerie lourde commencera le 9 décembre".
Mais les violences ne diminuent pas à l'approche de ce cessez-le-feu: six soldats ont été tués et treize blessés en 24 heures, l'un des bilans les plus lourds pour les forces armées ukrainiennes ces dernières semaines, a annoncé le porte-parole militaire Andrii Lyssenko.
Il n'a pas précisé où ces militaires avaient été tués, mais a indiqué que "plusieurs attaques ennemies" contre l'aéroport de Donetsk, l'un des principaux points chauds du conflit, avaient été repoussées.
- Ne pas céder l'aéroport -
Un autre porte-parole militaire ukrainien, Oleksi Dmytrachkivski, a déclaré à l'AFP que les rebelles avaient notamment tiré sur le village de Piski, près de l'aéroport, aujourd'hui en grande partie détruit, et qu'"une roquette Grad a touché une tente où se trouvaient des militaires".
Le président Petro Porochenko a rencontré vendredi les soldats qui avaient combattu à l'aéroport. "Si on cède l'aéroport (), l'ennemi sera à Boryspil (aéroport international de Kiev, ndlr), puis à Lviv", bastion nationaliste près de la frontière avec la Pologne, a-t-il affirmé.
Mardi, un dirigeant séparatiste avait annoncé un cessez-le-feu dans le secteur de l'aéroport de Donetsk à l'issue de pourparlers entre généraux haut placés russe et ukrainien, les insurgés et l'OSCE.
Certains médias ukrainiens affirment que de nombreux hommes des "troupes d'élite russes" ont été tués dans les combats autour de l'aéroport et que la nécessité de récupérer les corps avait été la raison de cette courte trêve.
Un premier cessez-le-feu, conclu à Minsk le 5 septembre entre Kiev et les rebelles lors de négociations auxquelles participaient la Russie et l'OSCE, n'a jamais été réellement appliqué.
"Il ne doit pas s'agir de promesses. Il doit s'agir d'application réelle sur le terrain", a insisté vendredi le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine en marge du réunion ministérielle de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) à Bâle.
Il a annoncé que l'Ukraine cherchait à organiser la semaine prochaine une réunion du groupe de contact rassemblant les représentants de Kiev, des séparatistes, de l'OSCE et de la Russie.
- Appels européens à la désescalade -
Accusée par Kiev et les Occidentaux d'armer la rébellion prorusse dans l'est de l'Ukraine et d'y déployer des troupes, la Russie dément toute implication dans le conflit qui a fait plus de 4.300 morts depuis la mi-avril, mais participe à des pourparlers de paix en tant que médiateur.
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov également présent à Bâle a reconnu que le précédent cessez-le-feu n'était "pas entièrement mis en oeuvre", en soulignant que les pourparlers actuels avaient pour but de mettre en place une ligne de démarcation entre les deux camps.
En visite au Kazakhstan, le président français François Hollande a appelé à une "désescalade" dans le conflit au lendemain d'un discours de Vladimir Poutine où le président russe a pointé la responsabilité des Occidentaux dans cette crise.
Alors que la Russie est frappée par de lourdes sanctions économiques occidentales depuis l'annexion de la Crimée en mars, le président français a souligné que "la tension, la pression ne sont jamais des solutions".
Dans le même esprit, le chef de la diplomatie italienne Paolo Gentiloni dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne a jugé que l'UE n'était pas "un robinet à sanctions".
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