Réunion cruciale vendredi à la CGT: le numéro un Thierry Lepaon, éclaboussé par des faux pas répétés et des indemnités jugées par les militants "scandaleuses", est face aux neuf autres membres de la direction qui souhaitent en majorité son départ.
L'état d'esprit de Thierry Lepaon reste l'inconnue: acceptera-t-il de céder la place ou tentera-t-il de s'accrocher à son poste?
La réunion du bureau exécutif (direction resserrée de dix membres) a commencé vers 10H00 au siège de la centrale à Montreuil, près de Paris avec au menu un seul sujet: le sort du secrétaire général, à la tête du premier syndicat français depuis seulement un an et huit mois (mars 2013).
Pour bien marquer ses prérogatives, pour la première fois depuis les révélations en début de semaine sur ses indemnités, M. Lepaon a pris la parole publiquement pour annoncer dans un message vidéo que la CGT est arrivée "en tête" dans la fonction publique au vu des premiers résultats des élections de jeudi.
Selon Les Echos, le numéro un "s'accroche à son poste" et aurait réussi à s'allier des Fédérations, parmi les plus importantes de la CGT - métallurgie, énergie, transports, cheminots, santé - pour garder son fauteuil jusqu'au Congrès de 2016 et céder ensuite la place au numéro un de la fédération de la métallurgie, Philippe Martinez.
Pour convaincre, M. Lepaon aurait évoqué le risque d'une guerre des chefs après son départ, selon le quotidien.
Ces soutiens seraient de taille car ces Fédérations ont un grand poids dans le "parlement" de la CGT (comité confédéral national, CCN), seule instance habilitée à révoquer le secrétaire général.
Mais "il serait préférable qu'il accepte la démission, à la fois pour lui et dans l'intérêt de l'organisation, pour mettre fin à la crise", a indiqué à l'AFP une dirigeante.
"Thierry Lepaon a perdu la confiance de l'organisation et il sera difficile pour lui de continuer à la diriger", ajoute cette source.
- Vers une direction collégiale ? -
"Personne n'a envie de revivre la guerre des chefs" , comme celle qui a secoué la centrale en 2012 pour la succession de Bernard Thibault, estime cette source. Le conflit peut être évité à condition que "les uns et les autres fassent preuve de beaucoup de responsabilité", selon elle.
Si M. Lepaon accepte de se retirer, la possibilité d'une direction collégiale provisoire est évoquée.
Le suspense risque de durer jusqu?à mardi, date de la réunion de la commission exécutive (exécutif élargi de 56 membres), devant laquelle M. Lepaon devra répondre de ses faux pas. La Commission exécutive a le pouvoir de convoquer le "parlement" (CCN).
Thierry Lepaon est sur la sellette à la fois pour des travaux onéreux réalisés dans son appartement de fonction et dans son bureau aux frais de la CGT et pour des indemnités de départ (30.000 euros) perçues du comité régional CGT de Normandie, qu'il dirigeait avant de prendre la tête de la centrale.
Ces indemnités ont suscité une indignation générale à la CGT. "Ce n'est acceptable. C'est gravissime, on ne peut plus lui donner du crédit. Ce qu'il a fait, c'est purement scandaleux, ce ne sont pas des valeurs que porte l'organisation" s'emporte une déléguée CGT.
La démission du secrétaire général de la CGT, un an et demi après son élection, serait un "coup de tonnerre". La dernière fois qu'un dirigeant de la CGT a été débarqué, c'était en 1909 lorsque Victor Griffuelhes, secrétaire général depuis 1901, a été contraint à la démission.
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