Poursuivant leur remontée après un passage difficile en 2012, les chantiers navals STX France à Saint-Nazaire viennent de signer une lettre d'intention de commande de 1,2 milliard d'euros pour deux nouveaux navires destinés à une filiale de l'armateur américain Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL), qui devrait leur assurer du travail jusqu'en 2020.
Ces deux navires doivent être livrés respectivement à l'automne 2018 et début 2020, si le financement de la commande est bouclé "d'ici deux ou trois mois", a précisé à l'AFP le directeur général des chantiers STX France, Laurent Castaing.
Destinés à la filiale Celebrity Cruises de RCCL, ils feront 300 m de long et pourront accueillir dans leurs 1.450 cabines quelque 2.900 passagers. "Ils pourront être exploités sur toutes les mers du globe", précise un communiqué de STX France. "Bateaux d'un très haut niveau de luxe", ils représentent onze millions d'heures de travail, a précisé M. Castaing.
STX construit déjà pour une autre filiale de RCCL deux navires de la classe "Oasis", les plus grands paquebots du monde: quelque 8.000 passagers et membres d'équipages, un milliard d'euros et onze millions d'heures de travail chacun.
La commande du premier Oasis, enregistrée en décembre 2012, alors que le chômage partiel touchait une part importante du personnel, a marqué le retour des heures fastes des chantiers STX France, nouveau nom des légendaires "Chantiers de l'Atlantique" depuis leur rachat par les Coréens du groupe STX en 2008.
Elle marquait aussi le retour à Saint-Nazaire de Royal Caribbean, ancien client "historique" des chantiers qui avaient construit 12 de ses navires dans les années 80 et 90.
Depuis fin 2012, les bonnes nouvelles n'ont cessé de s'accumuler pour STX.
Outre la levée de l'option sur le second Oasis en mai dernier, les chantiers ont enregistré en mars la commande, par l'italo-suisse MSC Croisières, autre client historique des chantiers, de deux gros paquebots, pour 1,5 milliard d'euros, assortis d'une option sur deux autres.
- Embauches -
Pour parvenir à ce résultat, STX France s'est notamment doté d'un nouveau portique géant qui lui permet de construire les paquebots de la classe "Oasis" mais aussi plusieurs paquebots plus petits en même temps.
En outre, après des mois de négociations, la direction et une partie des syndicats ont signé début 2014 un "accord de compétitivité" crucial pour remporter les commandes.
"Le carnet de commandes est bien rempli, jusqu'à 2019-2020 suivant les métiers", a précisé M. Castaing. "On n'a pas arrêté d'embaucher depuis deux ans: 250 personnes, encore 50 dans le tuyau et a priori on va continuer", a-t-il ajouté.
Les effectifs actuels des chantiers STX France sont de 2.400 personnes, a-t-il indiqué. La sous-traitance à pleine charge des chantiers fait en outre travailler, en plus de leurs salariés, quelque 4.000 personnes.
"Entre les commandes actuelles et celle-là, ça nous assure une charge de travail pendant six ans. Une telle visibilité ne nous était pas arrivée depuis très longtemps. En septembre, on venait de clore une période de chômage partiel de 28 mois", a déclaré à l'AFP Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée syndicale FO.
En se félicitant de lettre d'intention de RCCL, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a estimé que "ce nouvel engagement de l?armateur témoigne une nouvelle fois de l?excellence du savoir-faire français dans la construction navale". "Le gouvernement apportera tout son soutien, dans le respect des règles multilatérales, au lancement de cette opération", a-t-il promis dans un communiqué.
Les chantiers sont sous-traitants de DCNS pour la réalisation des deux navires de guerre "Mistral" dont la livraison à la Russie est suspendue en raison de la crise ukrainienne.
STX France est détenu à 66,6% par STX Europe (filiale du sud-coréen STX) et à 33,3% par l?État. En mai 2014, la Korea Development Bank (KDB), qui avait l'intention de céder les filiales européennes du groupe sud-coréen, a fait réaliser une plaquette pour démarcher des investisseurs. Néanmoins, "pour le moment nous n'avons pas eu de visite" d'acheteurs potentiels, a précisé M. Castaing.
"Pour nous, maintenant, la grande bataille qui continue, ce sont les énergies marines", a-t-il souligné. "Les commandes à venir ce seront des commandes énergies marines".
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